Très beau, mais je m'en fous, des problèmes conjugaux de Ian Curtis.
Un biopic décevant, trop centré sur Ian Curtis. Si encore le film en donnait une image vraiment fascinante, mais non. C'est juste un gamin de Manchester qui quitte son boulot à l'ANPE pour devenir musicien, et qui regrette de s'être marié si jeune, et d'avoir eu une gamine, après avoir rencontré une Belge resplendissante qui fait la crew slut. Ajoutez à cela l'épilepsie, le public qui devient fanatique du jeu de scène intériorisé de Ian, et vous finissez avec une première TS aux médocs, puis une réussie à la corde à linge.
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Oui je prends un ton cynique, mais si l'image de Corbijn est sublime, le film est lent et loin d'être palpitant. Car le réalisateur veut faire un biopic qui fonctionne, mais laisse les autres membres du groupe complétement à l'arrière-plan, si bien qu'on a l'impression qu'ils s'en foutent, au fond, de Curtis. Et puis je m'attendais à un minimum de plongée dans le processus de création de ce groupe intrigant, mais non. Ni éléments de contextualisation de l'époque (seul le cadre de vie de Macclesfield est fort bien reconstitué), ni vraie mise en scène du groupe en répét' : on se contente de suivre les étapes de l'ascension, qui n'ont rien d'original. Découverte par un rabatteur, pressage à compte d'auteur d'une démo, passage à la télé, premiers concerts vers Londres, puis tournée américaine prévue, qui angoisse Curtis, effrayé des réactions d'adulation du public.
Mais surtout beaucoup, beaucoup trop de scènes de mélodrame montrant Curtis s'engueulant avec sa femme, ou partant pour ne pas s'engueuler, ou fasciné par sa maîtresse, ou pleurant tout seul, ou prenant ses médocs d'un air taiseux, ou retournant chez ses parents et piquant tristement dans sa nourriture. Corbijn privilégie les plans statiques, mais ils font parfois un peu artificiels : je pense par exemple au plan montrant le groupe effondré et immobile en apprenant la mort du chanteur. Pas débordant d'originalité.
Alors oui, la photographie est superbe, les cadrages sont parfaits. Le grain met bien en valeur le côté minable des intérieurs anglais de la fin des années 1970, les murs de clubs couverts de petites affiches avec un pauvre téléphone, ce genre de chose. Visuellement, le film est une réussite, mais franchement, qu'apporte-t-il, à part ce conseil "Ne te marie pas trop jeune, tu pourrais faire une connerie" ?