Banalité, puissance et laideur de la politique

Je vous conseille fortement de visionner le documentaire sur la convention citoyenne pour le climat que vient de sortir Arte ! Politiquement, institutionnellement, sociologiquement, c’est passionnant.

C’est beaucoup d’extraits bruts qui montrent la banalité presque affligeante de la politique (les positions, la discussion, le compromis), avec une mise en scène qui permet d’apprécier l’énorme travail réalisé. On comprend sur quoi repose la puissance politique des propositions de la convention, qui impressionne.

Il y a de très beaux passages : sur le choix des mots dans la constitution, sur la relation aux institutions ("[Les citoyens] auront toujours ce doute : est-ce que je ne vais pas me faire avoir ?"), sur le pouvoir du politique ("Tu fais quoi cette aprem ? Ben je change la constitution mec").

Je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer avec Mathilde Imer qui constate à la fin que la grande majorité des 150 citoyens reproduisent le biais des élus « experts » qui ne font pas confiance à ceux à qui ils destinent leurs lois : les citoyens refusent de proposer leur mesure au référendum par peur de voir leur travaux rejetés et espèrent être repris sans filtres par le gouvernement. C’est encore plus rageant quand on sait 6 mois après ce qui a été fait de leurs travaux. Cyril Dion -- qui semble plus frustré que déçu après le vote des citoyens -- leur avait pourtant dit clairement qu’on ne pouvait pas faire confiance au gouvernement).

Grâce au documentaire, on apprend notamment que le temps a manqué aux citoyens pour aller au bout de leur travail – sans compter les contraintes de la crise sanitaire. On constate le refus largement partagé d’être révolutionnaire. On s’interroge sur la robustesse d’une institution comme la convention citoyenne : 150 autres citoyens auraient-ils aboutit aux mêmes conclusions ? Quelle est l’influence des experts et des organisateurs ? Etc.

Un seul regret : que le documentaire soit si court. Les échanges entre citoyens forment des portraits pointillistes et donnent à voir l’appropriation progressive d’enjeux politiques qui dépassent chacun des participants. On en redemande !