Sorti à l'été 1943, en plein pendant la Seconde Guerre mondiale, Convoi vers la Russie est, comme le laisse supposer son contexte de production, un pur film de propagande. Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas l'armée qui est mise en valeur, mais la marine marchande américaine, et en particulier les milliers de Liberty Ships construits à partir de 1941 pour convoyer armes et matériel de l'autre côté de l'océan et soutenir ainsi l'effort de guerre des Alliés.
Le Northern Star, commandé par le capitaine Jarvis (Raymond Massey) et son second Rossi (Humphrey Bogart), est coulé quelque part dans l'Atlantique Nord, torpillé par un U-Boot allemand. Rescapés sur un frêle radeau, les deux officiers et quelques hommes d'équipage sont miraculeusement secourus après 11 jours de dérive. De retour à terre, chacun retrouve son quotidien (une épouse aimante, une nouvelle conquête, etc.), mais tous finissent rapidement par se réengager, mus par le sens du devoir. Rassemblés à bord d'un navire flambant neuf, disposant en outre d'une petite puissance de feu, ils reprennent la mer pour rejoindre un important convoi à destination de la Russie. En chemin, les U-Boote attaquent à nouveau, et le Seawitch se retrouve isolé en pleine mer, traqué par un sous-marin allemand. Le courage, la détermination et la ruse des marins américains s'avèreront-ils suffisant pour venir à bout de la supériorité technique des Nazis ?
Jalon mineur dans l'immense filmographie d'Humphrey Bogart, Action in the North Atlantic bénéficie du service minimum de sa vedette, entre une brève scène de drague à terre, un service funéraire aux légers accents patriotiques, une fugace relation de maître à élève avec le jeune enseigne Parker, et des échanges complices avec son vieux pote de capitaine. Il faut dire que, n'étant guère développé, le scénario ne permet pas d'en faire davantage : tous les personnages sont rapidement esquissés, chacun étant mis au service de la glorification des valeurs de la marine marchande américaine - courage, devoir, abnégation, camaraderie, etc. Bien qu'un peu trop long (2 h 07 alors qu'une grosse heure et demie aurait suffi), le film vaut davantage le coup d'œil pour ses scènes d'actions nombreuses et réussies, surtout quand on sait que tout a été tourné en studio avec des maquettes. Salué à l'époque de sa sortie pour avoir atteint son but, à savoir remonter le moral des marins et convaincre de jeunes Américains à s'engager, Convoi vers la Russie reste, aujourd'hui, un bon divertissement plutôt bien ficelé.