Une comédie satirique chaleureuse et solaire qui dresse un portrait sans concession des habitants tous plus pathétiques les uns que les autres d'une petite communauté nichée au cœur de l'Amérique profonde. L'ennui nous est présenté comme l'apanage de ces figures déformées par la bêtise ordinaire et les nombreux travers. Tous et toutes guettent le moindre sursaut qui viendra animer leur existence et se montrent prêts à n'importe quelle excentricité pour le provoquer. Aussi moralement abject que le geste de Camille puisse être, le "meurtre" de Cookie ravive le quotidien de la bourgade jusqu'ici condamnée à se dérouler au rythme paisible des courants du Mississippi.
L'intrigue joue avec une heureuse adresse sur le symbole du théâtre. Passe-temps incontournable des notables de la petite ville au même titre que les visites au presbytère, la chasse aux œufs en chocolat et l'astiquage des revolvers, la mise en scène occupe une place prépondérante et outrepasse même les limites du loisir. Ici, Camille - Glenn Close magistrale - dirige sa troupe comme elle arrange la réalité qu'elle enjolive et dramatise à dessein, Il faut dire que les personnalités outrancières se prêtent à merveille à ce type de manœuvre. Le destin est soumis aux manipulations humaines, lesquelles sont encouragées par dessus le marché par des signaux ironiques et quasi providentiels, à l'image de la porte rebelle du fameux placard où sont entreposées les armes.
Vu il y a quelques années déjà, ce Altman a gagné à être revu avec un œil plus mature, condition sine qua none pour en apprécier toute la saveur.