De très courts chapitres comme autant de pensées et sentiments exprimés avec spontanéité dans un désordre pourtant très ordonné. La construction est exemplaire et draine tous les stades qu'un esprit condamné à s'éteindre dans les plus brefs délais expérimente. Ainsi, les segments dans lesquels le narrateur s'épanche sur sa peur de la mort, sur l'avenir compromis de sa fille ou sur ses souvenirs de temps plus heureux restent parmi les plus réussis du livre.
Car il faut bien avouer que lorsqu'il est question de porter une charge contre la peine capitale, Hugo se laisse prendre au piège d'un argumentaire qu'il est très facile de retourner. S'il réussit à humaniser "je", il échoue incontestablement quand il cherche un peu trop naïvement à le victimiser: "Se sont-ils seulement jamais arrêtés à cette idée poignante que dans l'homme qu'ils retranchent il y a une intelligence, une intelligence qui avait compté sur la vie, une âme qui ne s'est point disposée pour la mort?" Son narrateur n'est-il pas lui aussi allé contre ce même principe? Heureusement, l'auteur se montre plus adroit - à défaut d'être suffisamment prolixe à ce sujet - dans sa dénonciation de l'exécution détournée en spectacle de rue. Certaines descriptions sont particulièrement édifiantes.