De deux choses l'une : ou Guadagnino s'est emmêlé les guiboles dans une chorégraphie qui l'a très vite dépassé ou, plus grave, il a sciemment pesé chaque élément de ce patchwork ridiculement alambiqué au mépris d'une large partie du public, des attentes de celui-ci et de l'illustre version originale qu'il envoie valser sans le moindre scrupule. Je penche pour la deuxième hypothèse.
En se dédouanant de ses responsabilités de conteur d'histoires (aucune situation ne trouve réellement de justification, d'explication ni même de conclusion), le réalisateur choisit la facilité. Il a beau multiplier les artifices (la division en actes clairement matérialisée, les inserts cauchemardesques disséminés par-ci par-là...) pour tenter de paraitre plus malin que tout le monde, la supercherie qu'il étale sur plus de deux heures trente n'en est que plus apparente. Un délire auquel on n'apporte aucun point de vue et qu'on présente comme une oeuvre d'art stricto senso est une imposture. Est-ce parce qu'il n'assumait pas d'embrasser les codes pas toujours flatteurs du cinéma d'épouvante qu'il s'est senti obligé de pseudo intellectualiser sa relecture d'un film qui s'en était très bien sorti avec une ligne directrice plus modeste, plus franche aussi ?
Toujours est-il qu'on me fera difficilement avaler ce parallèle nébuleux entre les horreurs de la guerre et les événements qui secouent l'école de danse. La faute justement à cette absence totale de repères laissés au spectateur. Sans pour autant tenir la main de ce dernier tout du long, Guadagnino aurait pu se montrer plus pédagogue. Entre le film trop didactique et le grand n'importe quoi, il y a un sacré fossé.
Que reste-il alors ? L'image ? Elle est laide, froide et affublée d'effets cheap au possible (coucou les ralentis). Un vrai sens du rythme alors ? Même pas. Extrêmement décousu, le récit en devient aussi abrutissant que le Volk de Madame Blanc. Un supplice qui n'a rien à envier à celui que subit cette pauvre Olga dans la salle aux miroirs.
Cela faisait un bail que je n'étais pas allé dans les salles. Je risque de me souvenir longtemps de cette séance.