Preach et Cochise sont deux grands amis, qui font leur études ensemble en 1964 dans un lycée de Chicago. Un jour, prétextant un mal de ventre, les deux se font la belle et décident de faire les 400 coups, entre filles, basket et potes. Sauf qu'ils vont faire une mauvaise rencontre...
Jusqu'à récemment, je n'avais jamais entendu de Cooley High, dont le statut de film culte semble inventé pour lui. Vénéré par Spike Lee (on pense à Do the right thing) ainsi que John Singleton (son premier film Boyz N' the hood est un hommage direct), immense succès à sa sortie, et il a été intronisé au congrès américain en 2021 pour son apport culturel, et Criterion qui lui dédie une sublime édition blu-ray, c'est dire à quel point Cooley High a eu un apport considérable. Bien qu'il soit classé dans la Blaxploitation, le film n'est en aucun cas dans la revendication, 99% des personnages sont de couleur, on ne se pose jamais de question là-dessus, ces gens sont souvent de condition modeste mais pas dans la misère. Ce cas-là me rappelle un autre film sublime, Claudine, sorti un an avant et que je ne cesse de recommander.
Pour l'histoire, c'est un ensemble de petites scénettes avec ces ces mecs joués par Glynn Turman et Lawrence Hilton-Jacobs, le premier se rêvant dramaturge et l'autre joueur de basket, dans un ensemble qui rappelle pas mal American Graffiti, dans le sens où c'est la vie de tout les jours, faites de bonnes et de mauvaises rencontres, dont l'un qui couche avec une fille, dont elle s'aperçoit qu'elle a fait l'objet d'un pari, mais le tout est fait avec énormément de naturel dans la direction d'acteurs, ce qui donne de la sympathie à ces personnages, avec une fin magnifique sur fond de Reach out I'll be there. D'ailleurs, la musique y est très importante, car elle est composée dans sa grande majorité de titres issus de la Motown, qui ont sans doute ponctionné une partie du maigre budget, ce qui est bien entendu anachronique avec l'histoire qui se déroule en 1964, mais ça donne une émotion supplémentaire dans cette tranche de vie qui marquera ces deux amis.
Michael Schultz est un réalisateur qui, à part Car Wash, n'a pas marqué le cinéma, mais avec Cooley High, il a eu comme une sorte de grâce dans la mise en scène, dans ses acteurs et actrices, et s'il n'en est pas l'auteur (son scénariste Eric Monte s'est inspiré de sa jeunesse à Chicago), il a réussi au moins un grand film, ce qui n'est pas donné à tout le monde.