Lloyd Hopkins est un flic au Q.I. très élevé, obsédé par les crimes contre les femmes, et lui-même assez phallocrate. Il a tout de même réussi à construire un mariage et élever une petite fille, mais son couple se fait la malle, en même temps qu'il découvre ce dont il a toujours rêvé : un serial killer qui tue des femmes depuis quinze ans et qui n'a jamais été détecté car il change de M.O. Hopkins parvient à comprendre que le maniaque envoie des poèmes après chacun de ses meurtres à une bibliothécaire féministe, Kathy. Il choisit des femmes innocentes, qui ressemblent aux amies de Kathy, qui l'ont laissée tomber quand cette dernière a été violée par deux brutes, dont l'un, Haines, est devenu policier. Lloyd est suspendu après s'être arrangé pour tuer Haines en légitime défense, mais parvient à obtenir une confrontation avec le tueur, dans le lycée désert où tout a trouvé son origine. Il l'abat froidement.
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"Lune sanglante" est peut-être le roman de James Ellroy que j'aime le moins (avec "Dick Contino"), mais j'ai regardé ce "Cop" avec plaisir. J'ai lu le livre il y a trop longtemps pour me souvenir si tout est bien fidèle, mais il me semble que oui. Les appart' classes de Los Angeles, le commissariat encombré, les costumes années 80, les petits riffs de saxophone nostalgique quand Lloyd arrive très tard pour retrouver sa famille... L'ambiance prend bien.
James Woods est une excellente idée de casting. Ce n'est pas un être surhumain, mais il arrive à saisir à la fois le côté étriqué, boy scout du personnage original et sa libido perturbée. Woods est un acteur très versatile au niveau des expressions faciales, et c'est parfait. Lorsqu'il écoute les confessions de Kathy, notamment, j'adore voir son regard changer du brave représentant de la loi idéaliste au plus prédateur des cyniques, à l'affût de la moindre info. Et aussi dans la scène de restaurant, quand Kathy lui raconte pour la première fois son viol, l'air rayonnant de Hopkins, repris par son obsession, est tout simplement parfaite pour mettre mal à l'aise. Et puis pour les scènes d'action, si Woods n'a rien d'un Stallone en terme de corpulence, il a une raideur qui rappelle un peu le western et qui passe bien.
Le rythme est bon, toujours crédible, même si la scène central où Kathleen explique qu'un inconnu lui envoie des fleurs depuis 15 ans aurait gagnée à être un peu écourtée.
A 19 min. du début environ, il y a 30 secondes de ce que j'ai pu entendre de plus macho dans ma vie (Why can't they fly ? We do", etc...). Pas mal d'écarts de langage non-politiquement corrects, principalement contre les homos. Les petites choutes des rues en t-shirt sans manche et en mulet sont touchantes.
Des choix d'adaptation ont été faits : on n'a pas ici la mise en parallèle du tueur et du flic, et le fameux flashback des émeutes de Watts, qui explique l'état obsessionnel de Lloyd, a été évacué - un choix judicieux, à mon sens. Inutile de trop charger la barque du film. Les scènes de violence ne sont pas outrancières, mais l'esprit du livre est conservé sans trop d'édulcorants.
Hé bien à mon sens, c'est peut-être la plus fidèle adaptation qui ait été faite d'un roman d'Ellroy, même s'il ne s'agit pas du meilleur. J'aime bien le film "L.A. Confidential", mais il était loin d'égaler l'aura du livre, et pour moi "Le Dahlia noir" est davantage un excellent De Palma qu'une adaptation d'Ellroy.
"Cop", c'est un de ces polars avec un flic timbré autodestructeur qui fait des choses bien tout en détruisant sa propre vie et en se faisant détester de tout le monde. Et c'est bien noir, ce qui rend le tout assez original.