Pour son second film, James Mangold fait preuve d'une maturité et d'un savoir-faire exceptionnels. A partir d'un scénario foisonnant sur la corruption policière, Copland est un film d'atmosphère en forme de western urbain, tout en subtilité, où chacun des personnages est à sa place. S'appuyant sur un casting poids lourd, Mangold oppose Stallone à des pointures comme De Niro ou Keitel, et fait monter la sauce doucement, sans se presser, jusqu'au final renversant. Stallone est absolument bluffant dans ce rôle à contre-emploi, il pulvérise son image en tentant une performance à la Bob De Niro, son partenaire en face de qui il ne démérite pas ; il revoit son cachet à la baisse, grossit de 20 kg, modifie sa voix et mise tout sur l'intériorité de son personnage, un sherif bouffi et dépressif, solitaire et à moitié sourd, bref c'est un peu l'abruti face aux ripoux, il écrase tout le monde, même De Niro pourtant très bon ici, et réussit son pari car il impose une vraie présence dramatique. Le reste du casting est d'une qualité indéniable : Harvey Keitel tente de contrôler son monde de flicville qu'on pourrait qualifier de ripouland, Ray Liotta a l'air presque habité, Robert Patrick hérite encore d'un rôle d'enfoiré, Annabella Sciorra est touchante, Michael Rappaport est la victime désignée, John Spencer, Janeane Garofalo, Cathy Moriarty, Peter Berg... tous donnent de la force à ce grand polar dramatique, puissant et réaliste.