Après avoir réalisé le prometteur Love Battefield qui renouait avec le polar noir et efficace du cinéma de Hong Kong des années 80/90, Soi Cheang s'était attaqué avec brio à Dog Bite Dog, un film noir et nihiliste jusqu'au boutisme. Après cette réussite, lorsque l'annonce est tombée que Soi Cheang allait adapté le manga Shamo (sorti chez nous sous le nom de Coq de combat), tous les espoirs étaient permis. Le manga d'une rare violence et immoralité méritait bien un traitement digne de ce nom et Soi Cheang semblait être le réalisateur parfait pour cette adaptation.
Le film suit bien la trame principale du manga à savoir un jeune de 16 ans studieux et au comportement exemplaire qui pète un plomb lors d'un repas de famille et tue ses parents devant les yeux de sa sœur. Il est alors envoyé en prison où il va connaître moult supplices de la part des autres prisonniers jusqu'au jour où il va faire la rencontre d'un maître de Karaté qui est transféré dans son établissement afin d'apprendre son art aux prisonniers. Doté d'un instinct de survie hors du commun et d'une application sans pareil consacré à l'entraînement il va réussir à survivre durant 2 ans, date de sa sortie de prison, et devenir un expert du combat.
Toute cette première partie est plutôt bien réalisée et fidèle au matériel d'origine, même si physiquement Francis Ng ne ressemble pas trop au Kurokawa du manga qui est petit et chauve. Malheureusement après sa sortie de prison, les choses vont se gâtés. Déjà parce que la réalisation des combats n'est pas à la hauteur, c'est plutôt mou, trop découpé et la caméra à tendance à trop partir dans tous les sens. Ensuite parce que le personnage sans foi ni loi du manga est ici beaucoup plus nuancé et effacé. De plus si on peut louer la ressemble physique de Shawn Yu avec le personnage, c'est déjà moins le cas de son jeu d'acteur.
Au final seul le début du film est réussi, la suite propose beaucoup d'action, ce qui est louable, mais pas de l'action de bonne qualité, ce qui devient tout de suite problématique. De plus certains passages font plus que frôler le ridicule, je pense notamment au combat entre Ryo et Kurokawa dans la forêt digne de l'entraînement de Fan Siu Wong qui casse des tombes dans Story of Ricky. La fin est également trop abrupte et nous laisse sur notre faim. Au final le pari est raté, surtout qu'après Dog Bite Dog l'attente était justifiée. Dommage.