Coraline est assurément le film d'animation le plus ambitieux et le plus réussi qu'il nous ait été donné de voir ces dernières années. Alliant avec brio techniques de pointe et technique beaucoup plus artisanale, le long métrage du fantasque co-créateur de L'étrange Noël de Monsieur Jack nous revient sans Tim Burton mais avec ce don d'éblouir en racontant une histoire passionnante. Henry Selick a en effet choisi de concevoir son nouveau chef-d'oeuvre image par image en réussissant à saisir cette réalité onirique qui se dégage du procédé même si nous sommes plongés dans l'ère du tout-numérique depuis que des studios comme Pixar ou DreamWorks arrivent à en faire des miracles.
Pourtant nos yeux ne peuvent que s'écarquiller devant tant de beauté visuelle, qui plus est toujours mise au service d'un conte terrifiant pour les petits comme pour les grands. Une histoire qui nous amène à suivre les péripéties de la jeune Coraline, découvrant une porte secrète dans la nouvelle maison de ses parents ouvrant sur un monde cousu de monts et merveilles. Cousu parce que très rapidement factice, l'opulence et la richesse de cette version alternative cachant des sacrifices dont le prix se révèle très rapidement élevé. Se pose alors la question pour Coraline de savoir si elle serait prête à perdre la vue pour obtenir une vie matérielle et affective dont elle a toujours rêvé, d'autant que le cauchemar guette à chaque recoin féérique pour qui ne voit qu'avec les yeux plutôt qu'avec le coeur. S'en suit alors un festival de numéros musicaux d'une splendeur à nous faire frissonner l'échine, un univers étrange et angoissant où le rêve est épinglé sous des faux-airs gothiques sans nous faire perdre pour autant le regard enfantin que l'on porte à chaque instant sur les aventures de la jeune fille.
On ne peut qu'être époustouflé par le réalisme de l'animation, la profondeur de l'histoire, le soin apporté à un univers foisonnant de détails au point de tutoyer à chaque instant la perfection. Les expressions faciales sont à ce titre criantes de vérité, l'utilisation du silicone ayant permis un plus grand éventail de possibilités en ce domaine qu'à l'époque de la mousse de caoutchouc. Comme quoi, c'est souvent dans les vieux pots que l'on fait les meilleurs films.