Ce premier long métrage d'animation produit par Focus Picture est de toute apparence destiné à un public plutôt jeune. Sauf que l'auteur de l'oeuvre dont est tiré le scénaro n'est autre que Neil Gaiman. Et il n'est pas homme à raconter des histoires vides de sens. (du peu que j'en connaisse)
Dès le générique, le processus de "mind-control" est clairement LE sujet du film. Clairement, il est fait référence au projet Monarch qui disseque clairement toute la façon de faire d'un maître pour programmer ses esclaves. C'est la soumission de cette petite fille que l'on va suivre tout au long du métrage. Comment elle va être isolée de son milieu, traumatisée et programmée.
La richesse thématique n'est pas, loin s'en faut, la seule réussite du film. L'évolution du personnage au long du métrage en fait un délicieux récit initiatique. En effet même si à la fin du de l'histoire, la vie de Coraline est revenue au point de départ sans gros bouleversement, l'héroine, elle a évolué. Coraline quitte l'enfance et s'affirme.
La qualité des prises de vue, de l'animation ne pourra que satisfaire le regard le plus critique.
Les marionnettes sont filmées et mises en mouvement avec virtuosité grâce à la technique stop motion qui donne vie à toutes les créatures, qu'elles soient humaines ou fantastiques.
Les décos et la musique montrent l'attention portée à tous les détails du film.
D'ailleurs il est quand même important de noter que la copie Blu-Ray du film a un rendu absolument épatant, d'une qualité époustouflante.
La thématique de la fameuse porte cachée ouvrant sur un univers inconnu sombre et mystèrieux fait obligatoirement penser à Lewis Caroll. Seulement Gaiman lui même avoue plutôt s'être inspiré de la mythologie celtique. L'un n'empêchant pas l'autre, ne boudons pas tout apport de richesse culturelle.
La Femme dirige le métrage. Le personnage principal est féminin, c'est la mère de la jeune fille qui dirige le foyer, la grand mère qui va donner certaines clés à Coraline et les deux soeurs qui vont lui transmettre leur sagesse pour combattre la seconde mère et finalement la vaincre.
Même s'il est sombre et terrifiant nous restons bel et bien dans un conte. Les parents ne sont désignés que par leur fonction, les animaux (le chat) parlent
Après 16 ans dans l'ombre de Tim Burton, le réalisateur de l'étrange Noël de M. Jack prend ici son autonomie. Selick réussit le tour de force de s'affranchir de la tutelle encombrante de son mentor mais en plus il amène de façon brillante Neil gaiman sur grand écran sans trahir son univers mais en lui offrant une occasion unique de se faire connaitre d'un plus large public.