Coraline
7.2
Coraline

Long-métrage d'animation de Henry Selick (2009)

Quand un rêve d’enfant se transforme en cauchemar

Basé sur le livre éponyme écrit par Neil Gaiman, Coraline, ce n’est pas un film d’animation comme les autres, c’est un vrai film d'horreur pour enfants. Cet excellent film criant de réalisme, nous plonge dans un univers sombre et mystérieux très proche de ce que le grand Tim Burton peut nous offrir. Si vous êtes fan inconditionnel du réalisateur et de L’étrange Noel de Monsieur Jack, il ne faut surtout pas passer à coté de Coraline, véritable fantasme où vos rêves et cauchemars deviennent réalité…


Bienvenue aux appartements du Palace Rose


Vu trois après sa sortie ciné, soit en 2012, cet animé avait conquis mon cœur, me faisant devenir un véritable fan des studios Laika (Les Boxtrolls, Paranoman et le géantissime Kubo). Si Coraline était une star, j'en serais une de ses groupies. Quel enfant ne s'est jamais sentis un moment de sa vie délaisser par ses parents? Qui n'a jamais rêvé quand il était petit d’en avoir de meilleurs qui nous écoutent et nous gâtent? Ces choses, elles arrivent souvent aux enfants. Coraline fera de leurs envies, de leurs vœux, une réalité. Ce concentré de poésie est un véritable ovni de l’animation, mystérieux et métaphorique à souhait, illustrant à merveille les fantasmes d’une petite fille désirant par-dessus tout changer de parents. Faites un voyage extraordinaire aux cotés de la petite fille. Bienvenue dans un monde fantastique et macabre aux allures de conte horrifique digne d’Hansel et Gretel. Voir Coraline, c’est remonter en enfance, lorsque vous jouiez avec vos jouets, construisant des maisons et autres décors, inventant des histoires farfelues.


La palette des couleurs, les vêtements des personnages, le design des personnages, la forme des arbres et arbustes, des pierres, les maisons, Henry Selick a beau dire qu’il c’est inspiré du travail de Tadahiro Uesugi, célèbre illustrateur Japonais influencé par les publicités américaines de la fin des années 50/début des années 60, on ne peut s’empêcher de voir des similitudes avec le réalisateur Tim Burton. A la fois élégant, moderne, vieillot, gothique, morbide et extravagant.


On s’aperçoit qu’il y a de nombreuses différences entre le monde réel et l’autre monde. Alors que dans le monde réel, les couleurs semblent délicates, ternes avec beaucoup de nuances de noir, de blanc et de gris, l’autre monde opte pour des couleurs plus éclatantes, pétantes, violentes. Beaucoup de rouge, de violet, de jaune, voir des combinaisons. Pour les personnages, une fois de plus, difficile de ne pas crier « ça sent le Tim Burton à plein nez ». La forme de Coraline par exemple se voit posséder une tête exagérée. Quant à son corps, il est plutôt frêle. Ce qui ne sera pas le cas d’autres personnages comme Miss Spink et Miss Forcible. Chacun personnage possède un corps collant avec sa personnalité. Bien qu’ils ne dépassent pas les 18 cm, nos personnages semblent êtes des humains de chair et de sang.


Vrai film d’horreur pour enfants


Apprendre à s’affirmer, se méfier des apparences, critique du parent trop occupé pour s’occuper de son enfant, affronter ses peurs, besoin d’affection, peur de la solitude, mort, tels seront les thématiques, messages et réflexions dont parlerons Coraline. Ne vous fiez pas au titre ou à l'apparence du personnage principal. Coraline nous plonge dans un univers passant du doute à l'émerveillement, avant de virer au cauchemar. Cela n’est pas sans rappeler d’autres perles du cinéma comme Le voyage de Chihiro, L’étrange noël de Mr Jack, Frankenweenie ou bien encore Les noces funèbres.


Certaines images déstabilisent autant qu’elles peuvent choquer. Coraline est bourré de séquences glauques et malsaines : Le duo d’actrices qui empaille ses chiens morts pour les garder prêts d’elles, la première rencontre de Coraline et Pasdebol, le véritable visage de la fausse mère et du faux père de Coraline, le spectacle des deux actrices bien portantes dansant nues (finalement, c’est pas plus mal d’avoir des boutons à la place des yeux). Comme quoi, là encore, il ne faut pas ce fier aux apparences. Ce dessin animé bien que mettant en scène enfant, est extrêmement mature, loin d’être un film niais et naïf pour les enfants.


Certaines pièces secrètes devraient le rester


Les musiques de Coraline reflètent l’enfance, surtout le thème principal accompagné de chœur d’enfants. A la fois sombre, aguicheur, mystérieux et lumineux, comme l’atmosphère et le visuel de notre film. Au début, la musique est calme et réaliste, comme l’intrigue. Puis, par la suite, elle devient étrange et plus fantastique. Vers la fin de notre récit, elle bascule dans le très troublant, très proche de l’horrifique. Une manière parfaite pour jouer avec nos sentiments. La peur, l’humour, l’absurde, le fantastique. Pour Coraline, il fallait une musique chargée en émotions, capable d’illustrer ses sensations. C’est réussi.


L’histoire et sa complexité troublent. Ce film émeut autant qu’il captive. Joie, tristesse, espoir, désespoir et peur, tels sont les émotions par lesquelles vous passerez. L’histoire, le ton et l’esprit du livre sont respectés, bien que quelques changements aient été apportés. Au départ, si Henry Selick avait suivi à la lettre le livre de Neil Gaiman, le film n’aurait duré que 47minutes. Il fallait donc ajouter, rallonger des séquences. Résultat, le film dure une bonne heure trente. Un bon point pour les lecteurs du roman qui pour une fois, ne seront pas déçus d’un film basé sur un roman.


Les personnages, les bruitages, les jeux de perspectives (notamment lorsque Coraline pénètrera dans ce tunnel reliant sa maison à l’autre monde), les musiques impressionnent, fascinent par tant de détails. Ce film a une âme, donnant de la vie à chacune de ses scènes. On se sent emporté dans un autre univers, participant à une aventure peu ordinaire aux coté de Coraline. Tout est si parfait, on a l’impression de voir un film en live et non une œuvre combinant stop motion et effets spéciaux. Un délice pour les yeux et les oreilles, on atteint ici les sommets de la créativité.


Au final, Coraline, c’est du pur chef d’œuvre, une œuvre démentielle à l’animation, aux décors, aux bruitages et aux musiques sidérantes. Poétique et philosophique, ce film à l’atmosphère inquiétante pouvant angoisser et impressionner les plus petits, est une véritable initiation, une leçon de courage et de vie, où l’on vous apprendra à surmonter vos peurs, vaincre tous les obstacles et découvrir que les parents, aussi imparfaits soient-ils ou peu disponibles, aiment sans aucun doute possible leurs enfants.

Créée

le 27 sept. 2017

Critique lue 642 fois

Jay77

Écrit par

Critique lue 642 fois

D'autres avis sur Coraline

Coraline
Hypérion
8

Rendons à Selick ce qui est à Selick !

Pauvre Henry Selick ! Il a réalisé un des films les plus encensés pour les enfants : L'étrange noël de Monsieur Jack, et tout le monde n'a retenu que le scénariste : Tim Burton ! Avec Coraline, Henry...

le 9 déc. 2010

100 j'aime

9

Coraline
Rawi
8

Conte noir

Ce premier long métrage d'animation produit par Focus Picture est de toute apparence destiné à un public plutôt jeune. Sauf que l'auteur de l'oeuvre dont est tiré le scénaro n'est autre que Neil...

Par

le 6 avr. 2016

67 j'aime

Coraline
real_folk_blues
8

Henry : le conte.

On aurait pu croire Selick exsangue après s’être (enfin) débarrassé de l’emprise vampirique de l’autre décoiffé. En effet, comment ne pas qualifier un « artiste » de vampire lorsque celui ci se...

le 2 avr. 2013

66 j'aime

14

Du même critique

Spider-Man: Far From Home
Jay77
4

Spiderman s’exporte en Europe

Même les super héros ont droit de prendre des vacances. Surtout après avoir vécu la pire des épreuves en affrontant Thanos. Suite direct d’Avengers Endgame, Spider-man Far From Home confronte son...

le 3 juil. 2019

15 j'aime

19

Aladdin
Jay77
7

Le prince Ali Ababwa fait peau neuve

Le diamant d'innocence, solitaire, acrobate, amateur de pommes, accompagné de son singe espiègle et le génie de la lampe, fait un retour évènement sur grand écran. Après avoir conquis le cœur des...

le 22 mai 2019

14 j'aime

5

Bird Box
Jay77
8

Fermez les yeux…enfin sauf pour regarder ce film

Le chat noir collant aux basques de Sandra Bullock dans Gravity, ne l'a finalement pas quitté. Cinq ans après en avoir bavé dans l'espace, Netflix plonge Sandra Bullock en plein cœur d'un survival...

le 27 déc. 2018

14 j'aime