Dévasté par une post-prod apocalyptique sur MonkeyBone ( caca-nerveux du producteur, remontages en pagaille, fin refaite etc... ) Henry Selick nous revient avec une adaptation intelligente d'un bouquin de Neil Gaiman.
Non content de ça, il s'essaye à la 3D, qui rend le procédé filmique encore plus pénible ( prendre deux photogrammes à chaque pause ) et tourne en HD.
Il en resort vainqueur, et prouve définitivement qu'il n'est pas qu'un faiseur-qui-n'est-bon-que-quand-Tim-Burton-est-derrière-lui. ( D'autant plus qu'entre temps, Tim a méchamment foiré son Corpse Bride ! )
Sa gestion de la 3D est exemplaire, sa direction artistique sans faille et la musique envoutante.
Mais au delà de la réussite technique évidente, ce que j'adore dans Coraline, c'est à nouveau le fait que Selick sait raconter une histoire aux enfants, sans les prendre pour des cons...
Trop souvent, les comptes initiatiques mettent les personnages d'enfants en situation d'infériorité intellectuelle, pour mieux les vilipender. " Aah tu vois, Pinocchio, il ne faut pas sortir seul dans la rue, car tu vas forcément faire des bêtises au lieu d'obéir à ton papa... " etc... Abject ! Les enfants n'ont franchement pas besoin qu'on les élève comme ça !
Coraline est présentée comme une fille certes fantasque ( elle galope dans la boue avec une baguette de sourcier pour tuer l'ennui ) mais intelligente ! Quand le monde alternatif lui est proposé, elle ne se vautre pas dedans avec délice dès les premiers instants, elle s'interroge, elle remet en question... Ce n'est qu'avec la persistance de la 'méchante mère' qu'elle accepte de revenir, mais au moment d'abandonner ses yeux, elle refuse, et se battra jusqu'au bout pour retrouver son vrai monde, tout morose qu'il est.
Coraline est un exemple à suivre : tirez vos enfants vers le haut au lieu de les abrutir et de leur fermer les yeux.