Le Diable ne s'habille pas en col blanc mais en col roulé

Voici mon tout premier film français que j'ai vu au cinéma en 2017 ! Non je ne plaisante pas. Vous pouvez vérifier. Oui j'ai vu Grave mais c'était par cinexpérience (pareil pour le Serpent aux 1000 coupures). Miss Sloane est franco-américain et Nemesis est un film en V.O.D. Corporate est un film qui m'avait intéressé de par sa bande annonce et pas à cause d'In The Panda (je n'ai pas attendu sa critique d'A Bras Ouvert pour me rendre compte qu'on vaut bien mieux que ce film d'un réalisateur trop surestimé pour être honnête). Et aussi par son casting assez inconnu mise à part Lambert Wilson. Et au final, le film est ...intéressant. Pas un film marquant un film à voir.



Un film français qui ne fait pas "téléfilm"



Il était temps que je vois un film qui ne fasse pas téléfilm, comme on a tendance à faire bien malgré nous. Même Grave possède à peu près le même problème par bien des aspects, et comme par hasard la plupart des films que tout le monde privilégie ici (n'est-ce pas ma Famille Bélier ? Oui ce n'est pas l'exemple le plus flagrant, mais c'est le film le plus récent que j'ai vu.). Ici on a pas mal d'idées de mise en scène vraiment intéressantes. Par exemple, la surabondance de gros plans au visage. Cela n'a l'air de rien mais c'est assez pratique pour saisir toute l'expression des visages des personnages ainsi que leur état d'esprit. Bien évidemment, il y a de la réalisation classique avec les habituels plans américains mais on sent que le réalisateur possède un sens du détail assez pointu. De plus par moment, il s'attache aux codes couleurs. En effet, bien que Émilie soit globalement en bleu, dans les moments où elle est en position de force, elle possède du jaune. C'est subtile mais c'est présent. Sans compté Stéphane qui se trouve globalement en col roulé rouge voir noir. Bref, pour une première réalisation, Nicolas Silhol possède quelques bonnes idées plutôt pas mal. Bien sûr, l'ensemble est pratiquement tout juste fonctionnel mais cela fait vraiment long métrage.


L'une des belles trouvailles est le plan d'introduction qui donne une image très contrastée de l'entreprise. En effet, là on voit une image vraiment idyllique de l'entreprise et heureuse avant de rentrer dans le vif du sujet qui est vraiment d'une ambiance plus froide et opposée


Quant aux personnages, ils sont plutôt pas mal.



Emilie contre le reste du monde



Emilie (jouée par Céline Sallette, que je ne connais pas du tout malgré son rôle dans Marie Antoinette et Saint - Amour. Elle sera bientôt dans HHHhhh) est une gestionnaire des ressources humaines efficace mais qui se trouve prise dans au centre d'une enquête, suite à un suicide dont elle se sent responsable. Elle parait vraiment froide mais au fond possède une certaine fragilité (oui c'est une Miss Sloane bis). Bizarrement, elle semble vraiment investie dans son travail pourtant elle a une vie plutôt confortable avec son mari Colin (Charlie Anson) et son fils Léo (Pierre-Loup Silhol, le fils du réalisateur), qui sont ses seuls points d'encrage.


Stéphane Froncart (Lambert Wilson) est le D.R.H aussi professionnel que froid et qui a placé sa confiance en Emily pour un plan assez machiavélique. C'est l'image même du responsable assez distant de ses employés et qui est prêt à l'abandonner si elle ne joue pas le jeu.


Marie Borrel (Violaine Fumeau) est une inspectrice du travail chargé de l'enquête sur les irrégularités de l'entreprise. Elle est assez déterminée et me fait penser à Olivia Colman de Broadchurch dans l’opiniâtreté. Elle est très professionnelle et noue quand même une certaine complicité avec Emily (et j'adore leur échange)


Vincent (Stéphane de Groot, qui remplace Gilbert Melkhi dans Kaboul Kitchen) est très secondaire et est l'employé le plus proche d'Emily malgré la méfiance de cette dernière, là où le reste lui voue un certain mépris. Il est assez difficile à cerner dans ses intentions mais bon.


Les autres personnages sont assez secondaires mais apportent quand même leur aide comme Sophie (Alice de Lencquesaing) sa secrétaire et Patricia (Hyam Zaytoun). Et on a aussi Merlin de Kaamelott Jacques Chambon qui joue le rôle du responsable juriste. Ce n'est pas un énorme rôle mais c'est cool de le voir.



Dans l'enfer des ressources humaines



L'histoire pointe du doigt une pratique assez terrible dans les entreprises privées. Emily une gestionnaire a été employée dans le but de virer certains employés dont elle a la charge en les mettant dans une situation où il n'auront pas d'autres choix que de démissionner . Mais suite au suicide de l'un d'entre eux à savoir Didier Dalmat (Xavier De Guillebon), elle se retrouve au cœur d'une enquête et vie mal avec cette mort dans la conscience. Le film montre son cheminement et à savoir comment elle va sortir de ce mauvais pas et si elle choisira de rester fidèle à l'entreprise ou les faire tomber. L'histoire est quand même bien racontée et bien rythmée. Et même si le déroulement est assez attendu, le tout est intéressant pour qu'on sache vraiment bien le dérouler. Jusque là, je ne dis que des bonnes choses donc est-ce que le film possède une faiblesse ? Oui. Mais ce n'est pas de sa faute. Le ton est très austère mais c'est le ton que le film a choisi de prendre. Néanmoins, le tout rend le film assez oubliable et non marquant. Il n'y a pas de scènes qui imprime l'esprit ou de retournement de situation qu'on retient. Le film est trop sobre globalement. Mais c'est le but. Le réalisateur qui est aussi le scénariste n'a pas voulu imprimé le film de scènes fortes qui fait qu'on retient le film. Il a voulu faire un film propre et sans prise de risques et c'est dommage. (parce que le suicide ou la scène où Emily se retrouve en soutif, niveau scènes qui marquent cela fait peu de chose).



Bon petit film sur les ressources humaines et ses dérives



Bref, ce film est tout à fait sympathique mais il n'est pas marquant. Mais pour un premier film c'est honorable, même s'il aurait pu être plus impactant. En effet, le film peut être assez ennuyant si on n'accroche pas au sujet qu'il propose. Mais cela reste correcte pour un film sur une killeuse.

Neo Cosmic

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