Briser les glaces
Le dernier long-métrage de la réalisatrice hongroise Ildikó Enyedi repose d'abord et avant tout sur une coupure, coupure rejointe et traversée par de nombreuses autres : coupure classique,...
le 30 oct. 2017
28 j'aime
10
Ours d’or au dernier festival de Berlin, ce Corps et âme s’ouvre comme un film animalier, avec une scène entre un cerf et une biche vivant d’amour et d’eau fraîche dans une forêt enneigée, puis des vaches dans un abattoir prêtes à être abattues. Vous me direz c’est un peu le jour et la nuit de la condition animale ? Oui, mais c’est aussi la nuit et le jour de l’homme et de la femme dont le film va nous conter l’histoire.
Il est directeur de cet abattoir de bovins, elle est la nouvelle contrôleuse qualité de la viande de ces mêmes bovins (on nage en plein romantisme n’est-ce pas ?). Enfin, ça c’est le jour, parce que la nuit cet homme et cette femme ont la particularité extraordinaire de faire le même rêve. Nuits après nuits, ils rêvent tous deux qu’ils sont lui un cerf, elle une biche, dans une forêt enneigée, au bord d’une rivière. Evidemment, quand ils vont apprendre que chaque nuit ils s’aiment comme des bêtes (mais chastement), ils vont tenter de se rapprocher dans leur vie diurne.
On va alors assister à une belle rencontre entre un homme d’âge mûr, bienveillant, mais résigné à finir sa vie seul et une jeune femme autiste, craintive mais volontaire, aux gestes mécaniques comme un robot. Ils aimeraient bien concrétiser cet amour qu’ils vivent en rêve, mais du rêve à la réalité il y a souvent un pas difficile à franchir.
La photo est belle aux teintes froides et claires qui tranchent avec le rouge du sang qu’on voit couler parfois. La caméra est souvent proche des corps, à fleur de peau, pour mieux dévoiler l’âme des protagonistes. Les deux comédiens sont impeccables, lui à la bonhomie rassurante dans le style d’un Jean Rochefort (auquel il ressemble), elle inquiétante avec son regard hagard et sa rigidité maladive
C’est déroutant, lent, fascinant, poétique, parfois dur, parfois drôle, onirique par moments, ou au contraire d’un réalisme cru, à la fois corps et âme. Une histoire d’amour très originale. Pour moi, un des meilleurs films de cette année 2017.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2017
Créée
le 30 oct. 2017
Critique lue 1.3K fois
13 j'aime
12 commentaires
D'autres avis sur Corps et Âme
Le dernier long-métrage de la réalisatrice hongroise Ildikó Enyedi repose d'abord et avant tout sur une coupure, coupure rejointe et traversée par de nombreuses autres : coupure classique,...
le 30 oct. 2017
28 j'aime
10
[...] Je sors de la salle il y a quelques heures et je me dis : Wow, quand est ce que j'ai vu ça pour la dernière fois ? [...] En marchant pour rentrer chez moi, je réfléchis, avant de me rappeler :...
le 27 oct. 2017
26 j'aime
3
Finalement, le film Corps et âme pourrait se résumer à une histoire de contacts. Contact physique, contact social, contact humain, et au bout du compte, quand tout le reste est rejeté, un improbable...
Par
le 21 mars 2018
25 j'aime
3
Du même critique
Quelle déception ! J’avais entendu tellement de bien de ce film que je m’attendais à passer un grand moment. Hélas, il ne m’a pas fait vibrer. Je l’ai même trouvé plutôt fade, lent, presque ennuyeux...
Par
le 14 mars 2018
34 j'aime
114
Fortement inspiré de Memories of murder (meurtres en série dans une province reculée, pluie incessante, faux coupable tabassé, vrai coupable non identifiable, background socio-politique) ce premier...
Par
le 27 juil. 2018
29 j'aime
23
Kaurismaki s’intéresse au problème des migrants syriens et irakiens en Europe, en faisant du Kaurismaki, c’est à dire avec un humour pince sans rire, une économie de mots dits et une mise en scène au...
Par
le 1 avr. 2017
22 j'aime
17