L'année 1972 restera gravée comme l'apogée du film de gangster. En l'espace de douze mois, nous avons vu éclore deux chefs-d'œuvre du genre : "The Valachi Papers" de Terence Young et "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, des œuvres intimement liées par leur exploration de la mafia italo-américaine.
Dans "The Valachi Papers", Charles Bronson et Lino Ventura nous plongent dans l'univers de la pègre des années 30, à travers le récit authentique d'un membre de la Cosa Nostra, incarné par Bronson, qui témoigne depuis une prison fédérale. La force de ce film réside dans sa narration, qui éclaire la mafia en tant qu'organisation complexe. Quels sont ses fondements ? Quelle est sa structure ? Comment le sentiment d'appartenance peut-il pousser un individu à transcender ses limites ?
Ce film apporte au genre une dimension didactique et réaliste, démystifiant l'idéal de loyauté éternelle au sein de la famille mafieuse et exposant l'omniprésence de la trahison dans un milieu impitoyable.
Une question intrigue alors : Coppola s'est-il inspiré de Young pour le deuxième volet de sa saga ? Dans "Le Parrain 2" (1974), la scène du témoignage de Pentangeli et le traitement du procès, notamment les dialogues sur le respect de la communauté italo-américaine, rappellent étrangement certaines scènes de "The Valachi Papers". Peut-être s'agit-il d'un hommage de Coppola, dont le succès colossal en 1972 a quelque peu éclipsé l'œuvre de Young.
Esthétiquement, "The Valachi Papers" a quelque peu souffert des choix de réalisation, qui manquent de distinction avec le temps. Cependant, l'authenticité des décors, le rythme soutenu et la beauté des costumes captivent le spectateur du début à la fin.
En somme, "The Valachi Papers" est un grand film qui, hélas, a pâti de son année de sortie, mais qui mérite d'être redécouvert et apprécié à sa juste valeur.