En grand fanatique de films de guerre et en faisant en plus partie de la prestigieuse collection "Les introuvables", Men in War, appelé par son très mauvais titre français Côte 465 dans nos régions, il se devait donc de passer un jour par mon lecteur DVD.
Au final, l'oeuvre me laisse un goût amer de déception, peut-être en attendais-je trop de ce film signé Anthony Mann. Mais il n'en est pas pour autant mauvais.
Premièrement, le cinéaste utilise énormément de grands plans, filme le soldat au plus près, nous fait vivre le quotidien d'un soldat américain lors de la guerre de Corée, sujet très rarement utilisé au cinéma. Rien que pour cela, on peut être ravi de voir ce film. Le fait de serrer ainsi si près des personnages développe un sentiment d'oppression assez important. Le sentiment de ne jamais être seul, d'être constamment épié par un ennemi invisible...
Sur le fond, le film divise. Dans les bonnes choses, c'est que Mann, en moins d'une heure trente,il va nous faire découvrir tous les dangers qui guettent un soldat américain en guerre. Embuscades, blessures, mines, tireurs isolés, combats rapprochés. On comprend alors que c'est un monde sans pitié et qu'il ne faut en aucun cas baisser sa garde. Le soldat qui dort meurt. Le soldat qui se met à rêver meurt. Cela nous mène à parler de la confrontation entre les deux hommes forts du groupe. Le lieutenant Benson et le sergent Montana. Le premier est un humaniste, épris encore de rêves de revoir un jour sa famille. Le second est un véritable animal sanguinaire. C'est un guerrier. Et il sait comment faire une guerre. Mann propose une lutte importante entre les deux mais c'est surtout le second qui va l'emporter. L'humaniste reconnaissant que dans la guerre, seuls les guerriers survivent. Il faut revenir à des bases ancestrales. Se montrer sans pitié. Redevenir un animal. Le casting est bien servi par Aldo Ray et Robert Ryan. La fin est toute symbolique avec les croix de décoration que l'on jette au sol, destinées aux cadavres parsemant le champ de bataille.
Quel est donc le grand problème du film de Mann? Question mise en scène, s'il filme souvent de près donc, pour le reste ça demeure trop classique à mes yeux. Mais c'est surtout dans l'enchaînement des événements qu'il y clairement un gros souci. Mann annonce trop la couleur, la suite. Le spectateur devine aisément ce qui va se produire et tout le film perd son charme de la sorte. Le soldat rêveur, avant même que l'on ne voit l'ennemi, on comprend qu'il va mourir. Et il y a plein de plans de la sorte. Bref, c'est dommage, et cela nuit considérablement en la qualité du film.
Au final, de ce qui aurait pu être une grande oeuvre, on obtient un film correct, possédant un fond très intéressant, deux acteurs talentueux et une mise en scène parfois très réussie parfois plus banale.