Coppola surprend avec ce film inclassable mais jubilatoire.
En effet, en deux heures, il traite avec intelligence et sans embrouiller son récit, tous les thèmes associés aux années 20 ; la célébrité, les débuts du cinéma, les fêtes décomplexées, le règne des mafia, l'ascension des grandes villes américaines et enfin la lutte pour l'acceptation des Noirs.
En refusant de choisir un véritable héros (Richard Gere n'est pas plus important que l'excellent Gregory Hines), Coppola refuse aussi de choisir l'intrigue qui les accompagne, et donc met les deux à égalité. L'histoire d'un musicien de jazz engagé par un mafieux local ne prendra jamais le pas sur la touchante histoire de ce jeune danseur de claquettes noir qui lutte pour être accepté.
Les deux intrigues ne cessent de se croiser sans jamais véritablement se rencontrer (autour d'une poignée de main ou même d'un coup de pied salvateur).
Tout en mélangeant les histoires, Coppola mélange aussi les genres cinématographiques.
Sans avoir l'ampleur de sa trilogie du Parrain, Cotton Club emprunte pourtant aux meilleur du film de gangster, tout en s'essayant du côté du film noir des années 40, de la comédie musicale (quelle musique ! Quelles séquences au cabaret !), de la comédie, de la romance... sans jamais là non plus choisir réelllement. Autant de scènes d'amour touchantes, que de séquences jubilatoires de jazz dansé et chanté avec et d'explosion de violence.
Mais le tout est exécuté avec une telle maîtrise que le film semble ne jamais échapper à son réalisateur. On frôle souvent l'art Scorsesien du montage et de la vitalité, celui des plans séquences (nombres se scènes rappellent le fameux plan séquence de l'entrée au restaurant de Ray Liotta et de sa récente petite amie par les cuisines dans Les Affranchis), des transitions osées mais purement magnifiques (le génial fermé de rideau qui se transforme en volet de transition).
Si le film n'est pas exempt de défauts (Richard Gere sincère mais pas très convaincant, un manque certain de rythme à quelques moments...), il est soutenu par de solides seconds rôles (que ce soient Bob Hoskins qui n'est pas sans rappeler un certain Bob de Niro, tant dans le rôle que l'allure et les mimiques, ou même Nicolas Cage à ses débuts) qui permettent aux spectateurs de prendre vraiment du plaisir face à ce film peu connu mais qui vaut le détour.

Charles_Dubois
8
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le 3 nov. 2015

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Charles Dubois

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