Coulez le Bismarck fait partie de ces films de guerre vieillots qui ne sont ni mauvais, ni transcendants. Classique au possible dans le jeu des acteurs, dans l'écriture, il tente, par instants fugaces, d'apporter ici une touche de suspense, là un zest d'émotion.

Il s'agit donc d'évoquer une chasse navale ; le Bismarck, cuirassé nazi fait régner la terreur sur les mers, ce que souligne un journaliste américain à la voix grave. La flotte britannique est aux abois, d'autant plus que ce corsaire de haute mer va jusqu'à couler l'une de ses pièces maîtresses sans coup férir. Le traumatisme est grand au sein de l'Empire et du monde libre mais grâce au dévouement de ses marins, à la clairvoyance d'un humble officier totalement dévoué à sa cause, la flotte tiendra sa revanche, comme le suggère l'affiche du film.

La vedette de cette superproduction anglaise ce sont ses navires. Les moyens ont été mis, on a ressorti quelques vieux Swordfish, on a habilement inclut quelques extraits de films d'époque et, par dessus tout, l'équipe technique a jonglé avec une réelle maîtrise entre els différentes maquettes, ici du Hood, là du Prince of Wales et, bien entendu, du Bismarck. Les scènes navales sont de qualité, les engagements finalement assez bien rendus.

Si on s'intéresse aux acteurs, il ne faut rien espérer de grandiose. L'amiral Günther Lütjens est caricatural au possible là où la réalité dépeint un homme plus complexe. Mais il s'agit de montrer un sacré nazi totalement dévoué à son maitre, non ? Du côté des gentils - des Britanniques donc - tout le film repose sur deux piliers : Kenneth More dans le rôle du Capitaine Jonathan Shepard et la très jolie Dana Wynter, 2nd Officer Anne Davis. Shepard est un homme brisé par la guerre, qui finira même par verser une larme, mais qui est dévoué à son pays. Il a perdu sa femme, n'hésite pas à envoyer son fils au carton, est un dur sans coeur, mais en fait non. Davis est toute emplie d'abnégation, encaisse les heures, soutient moralement Shepard et fini, on le devine, par tomber sous son charme ou du moins à le prendre en pitié. La relation entre Shepard et son fils est sans commune mesure avec celle dépeinte dans La Bataille de Midway par Charlton Heston mais bon Kenneth More fait ce qu'il peut.

1h30 très convenue, sans relief particulier, mais 1h30 sans ennui. Churchill avait en son temps qualifié de terrifiant ce navire, j'aurai bien aimé sentir cette puissance et cette peur dans ce film bien propre. Les batailles navales sont cependant assez rares au cinéma pour bouder notre plaisir, de niche certes, mais plaisir tout de même.

La bande annonce est excellente pour se faire une idée de ce qui vous attend. A voir, pour les passionnés surtout. Pour une approche plus tranchante sur la bataille de l'Atlantique, préférer le très bon "Mer Cruelle" Charles Frend, plus ancien mais tellement supérieur et profond.
Aqualudo
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le 10 avr. 2014

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