Une douce Lutte
Le peu de personne qui connaissent le nom de Diane Kurys l’associent au film Diabolo Menthe (1977) qui est, certes, très sympathique mais que j’estime personnellement bien en dessous de son film Coup...
le 29 nov. 2018
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Quel effet cela fait-il, quand on est une comédienne confirmée, de retrouver comme partenaire celle qui a fait ses vrais débuts au cinéma en même temps que soi ? Débuts d'autant plus remarqués et décisifs que c'est dans un film devenu culte, voire cultissime ! De par son sujet et son ton tout à fait nouveau et revigorant dans la production française, au point que toute une génération s'y est reconnue.
Les cinéphiles ont compris : les deux comédiennes, ce sont bien entendu Miou-Miou et Isabelle Huppert. Elles qui, dix ans donc après "Les Valseuses", se partagent la tête d'affiche de "Coup de foudre".
La Miou et LA Huppert... Avant tout propos sur le film, il faut dire un grand merci à Diane Kurys d'avoir concrétisé un "couple" de cinéma aussi attachant et singulier. Et le mot "couple" est bien de circonstance car le film traite justement de l'amitié ambiguë qui va unir deux femmes. Pour la troisième, ou presque (!), on verra un peu plus loin...
L'une s'appelle Madeleine (Miou-Miou) et l'autre Léna (Isabelle Huppert). On fait leur connaissance en 1942, alors que la France vit les dramatiques heure de l'occupation allemande. Le temps de quelques scènes vites brossées afin de montrer comment la guerre va meurtrir chacune d'elles et on les retrouve dix ans plus tard, en 1952. Elles sont mariées, mais semblent mener une vie familiale plutôt terne. Aussi, à partir du jour où elles renouent, les deux jeunes femmes ne vont plus se quitter. Tissant en quelque sorte un cocon affectif dans lequel elles vont s'enfermer, se réfugier de plus en plus. Jusqu'à ce que leur complicité devienne équivoque aux yeux de leurs maris... et des spectateurs.
Pour illustrer son sujet sur le thème de "l'amitié particulière", Diane Kurys manie sa caméra avec la plus grande pudeur. Elle ne montre pas, se garde bien de juger et, surtout, ne cherche pas à expliquer/justifier. L'attirance qu'éprouvent ses héroïnes l'une envers l'autre est bien trop compliquée, complexe... comme la psychologie féminine ! Ce faisant, elle permet aux deux comédiennes de camper des personnages féminins forts, en quête d'émancipation. Ce qu'elles font avec sensibilité, séduction et détermination.
En écho au titre, je dirais même : elles sont du tonnerre !
Mais, comme le laisse entendre le mien (emprunté à la filmo de Robert Altman), il y a un troisième personnage féminin dans le film. Il est paradoxalement interprété par... Guy Marchand ! A travers sa façon de donner vie à Michel, le mari de Léna obligé de mesurer sa vulnérabilité devant son couple en perdition, il exprime avec beaucoup de spontanéité la part de féminité présente, plus ou moins enfouie sous les codes sociétaux, dans tout homme. Scène significative : celle où il va jusqu'à pleurer à chaudes larmes. Très rare de la part d'un acteur, à l'époque et même depuis.
A force de donner une vérité très profonde à des seconds rôles (ce qui lui a valu un César avec "Garde à vue"), Guy Marchand méritait de se voir rapidement offrir un premier rôle digne de son talent, dont il dissimule l'efficacité sous une décontraction réjouissante. Cela ne s'est pas fait, hélas !
Alors, puisque "Coup de foudre" il y a, le mieux est encore de succomber !
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Créée
le 24 juil. 2020
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