C'est quoi Notting Hill, me direz-vous ? Aprés renseignement sur Wikipédia, Notting Hill est un quartier situé dans l’ouest de Londres, construit pendant l'ère victorienne (au début du XXe siècle) avec ses maisons colorées, pittoresques et bigarrées. C'est un quartier "à la mode", mais qui conserve une atmosphère nettement cosmopolite, avec le plus grand marché de rue de Londres et de nombreux petits magasins spécialisés. Le héros du film, William Thacker (Hugh Grant), est le propriétaire de l'une de ces boutiques, une librairie spécialisée dans la littérature de voyage. Le film raconte l'histoire d'amour naissant entre William et Anna Scott (Julia Roberts), une jeune femme qu’il rencontre lorsqu'elle entre dans sa boutique pour la première fois.
Notting Hill coche toutes cases du cahier des charges de la comédie romantique. On pourrait ainsi résumer le film en trois actes :
- Acte 1 : Un garçon rencontre une fille.
- Acte 2 : Le garçon perd la fille.
- Acte 3 : Le garçon la regagne et tout le monde vit heureux pour toujours !
Le garçon en question (William) est un anglais ordinaire, tandis que la fille (Anna) est une actrice hollywoodienne. Imaginer une histoire d'amour entre ces deux là serait, pour ainsi dire, pour le moins surréaliste. La scène de la rencontre (un incontournable de la comédie romantique) est mignonne, mais tout autant surréaliste. Anna est à Londres et parcourt les étagères de la librairie de William. Bien que ses premières tentatives de séduction laissent beaucoup à désirer, il finit par attirer son attention ! On peine à y croire, mais peu importe ... tout ça, c'est mignon-tout-plein !
Notting Hill parle d’un amour naissant entre un homme et une femme appartenant à deux statuts sociaux opposés, un thème qui a fourni à la littérature certaines de ses plus grandes œuvres, à la fois comiques et sérieuses. Bien que beaucoup de ces histoires parlent d’un garçon pauvre mais honnête, qui aspire à gagner la main d’une princesse ou d’une dame de la noblesse, Anna ne fait pas partie de la famille royale ou de l’aristocratie britannique. Elle appartient plutôt à une élite encore plus exclusive, les stars hollywoodiennes. C’est une star de cinéma extrêmement populaire, qui gagne au moins 15 000 000 $ par film. C'est lors d'un bref séjour à Londres, pour faire la promotion de son dernier film, qu'elle rencontre William en se rendant dans sa boutique.
Bien qu’Anna soit jouée par une vraie (super)star hollywoodienne, Julia Roberts, Notting est une pure comédie romantique britannique. Une fois encore, Hugh Grant fait du Hugh Grant. Il incarne un Anglais timide de la classe moyenne, probablement éduqué à l’école publique et à l’université. On devine très vite qu'il n’est pas particulièrement riche, puisqu'il est forcé de partager son logement avec un colocataire gallois complètement excentrique nommé Spike (Rhys Ifans). Les plaisanteries entre William et ses amis est typique de l'humour britannique "pince sans rire", avec ce ton ironique et une forte tendance à l'auto-dérision. Spike lui représente un autre courant de l’humour britannique, la folie excentrique que l’on retrouve chez les Monty Python (un humour que j'adore). Le comportement complètement excentrique de Spike suggère une appartenance à un milieu plus simple que celui de William et de ses amis, ce qui explique peut-être les taquineries qu’il doit supporter durant tout le film de la part de son colocataire.
William est peut être un looser aux yeux de beaucoup, mais en réalité il est bien plus heureux qu'Anna dans la vie (bien aidé par son autodérision). Anna est peut-être belle et riche, mais elle aspire à autre chose, au bonheur simple. Elle manque d'assurance, inquiète à chaque instant de perdre sa renommée et sa fortune. Se rajoute à cela, son incapacité à nouer des relations durables avec les hommes. Elle est en couple avec Jeff (Alec Baldwin), un autre acteur star hollywoodien, mais c'est clair que ce n’est que le dernier d’une longue série d'échecs amoureux. La scène où Anna dit à William "Je ne suis qu’une fille, debout devant un garçon, lui demandant de l’aimer en retour" est celle où nous la voyons la plus vulnérable (et la scène la plus touchante du film). Bien que William et Anna aient probablement une trentaine d'années, il est à noter qu’Anna se réfère à "fille et garçon" plutôt que "femme et homme". La vulnérabilité d’Anna transparaît également dans sa réaction dans la scène où des hordes de paparazzis apparaissent sur le pas de la porte de William. William essaie de minimiser l’incident et Spike trouve tout ça extrêmement amusant, mais Anna est horrifiée.
Les deux meilleurs amis de William sont Max (Tim McInnerny) et sa femme Bella (Gina McKee). Bella est handicapée sur fauteuil roulant, mais ce qui transparait le plus dans ce couple, c'est l'amour tendre et sincère que l'un voue pour l'autre. De ce fait, c'est un couple (presque) ordinaire qui offre une contrepartie plus réaliste et "terre-à-terre", à la romance plus improbable et "de conte de fées" entre William et Anna. C'est ce qui aide à ancrer le film plus fermement dans la réalité. Ainsi, Anna se rend compte que William a une gentillesse, une décence et une pudeur, qui comptent plus que les egos monstrueux de Jeff et de ses semblables.
Notting Hill s'inscrit dans la grande tradition des comédies romantiques britanniques, notamment celles écrites par Richard Curtis. Comme dans Quatre mariages et un enterrement (1994) ou Il était temps (2013), on y retrouve toujours le même cadre (Londres) et les mêmes personnages, le jeune homme sensible et maladroit, la sœur excentrique, les amis tout autant barrés et l'américaine qui gagne le cœur de notre héro au grand cœur. Notting Hill n'est peut-être pas le meilleur film de Richard Curtis, la faute à un scénario et des dialogues parfois trop surréalistes, mais c'est du très bon Richard Curtis.