Second western de John Sturges, Coup de fouet en retour est un modèle d'efficacité et un bon exemple de la qualité des séries B produites par Universal à cette époque. Le tout porté par un duo charismatique formé de Richard Widmark et Donna Reed.
Lorsqu'on évoque les westerns de John Sturges, on songe évidemment de prime abord à Fort Bravo (1953), Règlements de compte à OK Corral (1957) ou bien sûr Les Sept mercenaires (1960), entre autres réussites. Pourtant, en 1956 le cinéaste livrait ici avec ce Backlash un petit régal de série B western produit par Aaron Rosenberg, affilié aux studios Universal qui sortirent de nombreux westerns durant cette décennie avec comme réalisateurs Anthony Mann, Budd Boetticher ou Raoul Walsh notamment. Des films souvent de courte durée comme ici et qui méritent fortement d'être redécouvert. Ainsi que ce Backlash qui dès son ouverture frappe fort avec une excellente scène de « gunfight » à flanc de montagne. Durant cette première séquence exemplaire, on voit également un pistolero errant dans les magnifiques paysages de l'Arizona. Or, ce cavalier s'avèrera être une... cavalière ! Donna Reed, oscarisée en 1953 pour Tant qu'il y aura des hommes, interprète en effet ici un personnage original de veuve à la poursuite d'un trésor, une femme forte qui ne laissera pas de marbre Richard Widmark. Acteur emblématique du film noir puis du western, celui qui jouait un tueur sadique dans Le carrefour de la mort incarne ici un homme déterminé et n'ayant pas froid aux yeux... ce qui lui vaudra une magnifique gifle de Donna Reed ! Loin des personnages féminins faire-valoir et faiblards inhérents au genre, celle-ci finira par répondre aux souhaits de Widmark lors d'une sublime séquence au claire de lune où après l'avoir soigné à la dure, cautérisation avec une lame de couteau, elle nous laissera entrevoir ses jolis sous-vêtements sur fond de dialogues à double-sens...
AU NOM DU PÈRE
Outre son couple d'acteurs qui porte le film, Sturges peut compter sur un scénario de qualité, flirtant avec l'enquête policière, où les évènements, péripéties et scènes de fusillade seront légion. Concocté par Borden Chase, « l'un des princes du western » selon Bertrand Tavernier, l'histoire inclut même une sorte de réflexion freudienne avec un Richard Widmark à la recherche de son père, au propre comme au figuré. Il serait toutefois non fondé de réduire le film à cela, on l'a ainsi parfois qualifié de « surwestern », tant l'action prend le dessus sur ces considérations psychanalytiques... Une action omniprésente avec notamment une attaque des Apaches malicieusement contrée par Widmark, armé d'un colt ayant appartenu à William S. Hart l'un des premiers cow-boy du cinéma, et Barton MacLane, très bon en officier fatigué, ou encore lors d'un final où les masques tomberont. Parmi les seconds rôles, retenons l'impeccable prestation de John McIntire qui illumine la dernière partie du film en propriétaire terrien un brin racketteur et fine gâchette. Son « adjoint » William Campbell, présenté comme un habile pistolero, nous fera par contre plus sourire qu'autre chose !
Malgré une baisse de rythme vers la moitié du film et un jeu de pistes pas toujours passionnant, ce western de John Sturges est très recommandable et prouve qu'un bon film peut faire moins de 90 minutes ! De plus, cette première sortie française en Blu-Ray avec restauration rend grâce à la photographie d'Irving Glassberg qui met en valeur l'excellent duo Reed-Widmark.
( Retrouvez l'évaluation de la partie technique de l'édition Blu Ray-dvd de SIDONIS par ici : http://www.regard-critique.fr/rdvd/critique.php?ID=6826 )