Avec ce joli Coup monté, le spectateur se retrouve devant un scénario qui fonctionne "en citations" mais les acteurs sont convaincants, bien dirigés et l'univers réaliste du film permet une immersion immédiate du public. On les connaît par cœur, les "films d'arnaque", genre aussi éculé que le "film de zombies", avec leurs codes et leur canevas scénaristique immuable en 3 parties. Le scénariste William Wheeler (dont c'est seulement le premier script, impressionnant !) ne viendra jamais chambouler cette mécanique ; elle fonctionne chez David Mamet, James Foley et tant d'autres, à quoi bon la modifier ?
Là où le film devient intéressant, c'est dans la façon qu'a le réalisateur (dont c'est malheureusement l'unique film) de s'approprier le matériau, d'instiller du réel, du social, de l'émotion dans cette mécanique parfaitement huilée pour ne pas que son film ressemble à un Maître du jeu trop programmatique et factice. Que ce soit par des choix de décors et un tournage hors studios, des choix de seconds rôles hérités du théâtre américain le plus classe (franchement, le casting, c'est du 5 étoiles) ou tout simplement des choix de mise en scène (le cadrage final). En se concentrant sur ses personnages, le réalisateur gagne son pari. Bien sûr, il n'évite pas les défauts inhérents au principe même du "film d’arnaque" : ça reste un genre ultra codifié, on sait donc parfaitement comment cela va se terminer mais il y a eu de la vie, des émotions, du jeu, de la mise en scène, des idées et ça suffit au petit bonheur du spectateur, ravi qu'on le considère un peu. D'autant plus quand on lui rappelle la beauté fragile de Julia Ormond, alors dans la fleur de l'âge ♡