Making Off !
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le 19 mai 2022
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Un mélange de non-sens, de gêne, de ridicule et de surprises, pour un agréable chaos comique.
Après avoir détourné les codes du film d'espions avec OSS 117, après s'être emparé du sujet de l'industrie du cinéma au temps du muet avec The Artist. Michel Hazanavicius s'empare cette fois-ci du cinéma lui-même.
Bien que la perspective comique, par une mise en scène très lourde, soit bien moins jubilatoire que dans les OSS 117, Coupez ! fonctionne tout-de-même par la surprise de sa narration.
Durant les 30 premières minutes du film, Hazanavicius plonge le spectateur au cœur d'une série B de zombies où rien ne va : les acteurs jouent mal, le réalisateur (interprété par Romain Duris) est un véritable psychopathe, les dialogues n'ont aucun sens et le rythme du film est sans cesse mis à mal à cause de situations creuses, improvisés et gênantes poussées à l'extrême (à croire que la barrière entre diégèse et réalité n'existe plus).
Voici le début de Coupez ! ; un film où le spectateur est déboussolé et ne sait pas où ce dernier va l'emmener.
Puis vient un générique, ou plutôt vient le moment d'éclaircir la situation.
Ces 30 premières minutes abominables étaient un film dans le film.
La suite de la narration va donc se concentrer sur la préparation du tournage de cette série B de zombies (de la proposition du projet au réalisateur jusqu'au tournage) et va surtout expliquer pourquoi ce film en question est si catastrophique.
En prenant une vision très satyrique du milieu cinématographique avec des acteurs capricieux et arrogants, des producteurs très peu conciliants et des techniciens extrêmement exigeants sur leur confort, Hazanavicius expose avec chaos la préparation d'un projet déjà voué à l'échec. Lorsque vient le tournage, cette vision satyrique en devient hilarante par le nombre de problèmes et d'imprévus qui surgissent subitement et doivent être résolus en très peu de temps. Le comique de situation en devient si ridicule qu'il parvient presque à se rapprocher d'un esprit burlesque.
Mais après tout, le cinéma, ne serait-ce pas l'art de régler les problèmes ?
De plus, Coupez ! adopte un point de vue intéressant sur la place qu'occupe le spectateur dans le domaine cinématographique en rappelant que le spectacle n'est jamais véritablement là où il devrait être et bien que cette réflexion semblerait plus s'appliquer au domaine théâtrale, il donne ici un véritable sens à l'utilisation du hors-champ : la perspective comique est provoquée par l'invisible, rendant cette dernière d'autant plus agréable et surprenante lorsque les ficelles tissant les liens entre le désastre filmique et profilmique sont révélées.
Si la bizarrerie de la proposition peut repousser et demande de la patience, la narration d'Hazanavicius est surtout terriblement bien pensée. Flirtant sans cesse entre la satyre et les limites de la parodie, il faudra surtout compter sur sa capacité à s'ouvrir à ce genre d'humour afin d'apprécier entièrement le film.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Pour le meilleur comme pour le pire en 2022 et Cannes 2022
Créée
le 12 avr. 2023
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