Batman est plus bre-som que le plus noir de tes rappeurs

Le film de Matt Reeves n'est pas seulement le signe d'un souffle nouveau par une énième adaptation. The Batman est le signe d'une renaissance du chevalier noir au cinéma.

Avec un traitement esthétique et narratif clairement moins attirés par la démesure, encore moins dans l'engouffrement de dimensions parallèles ou encore dans l'action à outrance jusqu'à en devenir insupportable, The Batman trouve son ambition et sa réussite dans une histoire d'enquête aussi palpitante que surprenante - d'autant plus appréciable car Matt Reeves n'hésite pas à jouer sur la longueur des séquences.

Les inspirations narratives ou le traitement de certains personnages tirés des comics ou notamment des jeux vidéos Batman Arkham se feront sentir (notamment pour les fans) mais ont une si bonne retranscription et un si bon mélange avec l'écriture de Matt Reeves et de Peter Craig que le tout offre une vraie singularité filmique, à la limite du thriller psychologique.

Ne cédant jamais à la facilité démonstrative, extravagante et irréfléchie des beaux plans, The Batman atteint un niveau de maturité dans la virtuosité de son identité visuelle comme il est très rare d'en voir dans les films de super-héros contemporains.

Le travail photographique est à couper le souffle par sa brutalité colorimétrique et créer la convergence parfaite face à son univers diégétique : jamais Gotham n'aura été exposé avec un tel désespoir et une telle atrocité historique, les personnages sont à l'image de cette ville : ils sont fous et sont prêts à délivrer leur rage. Le Batman en vient à se questionner - au travers de l'écriture quotidienne de ses interventions - si ce dernier a réellement un impact, comment Gotham évolue et quelle place peut-il y trouver.

Seul souci qu'il sera légitime de reprocher au film est que face à cette toute-puissance de l'image, la division entre la sombre fable politique, la recherche de l'identité d'un héros, le déchirement entre moralité et vengeance et la multiplication des intrigues et des personnages donne l'impression d'un scénario parfois fourre-tout où le développement des idées semblent trop expédiés (notamment pour le dernier acte).

Néanmoins, The Batman est un film absolument exemplaire dans le genre.

Sublime, sombre, mature et accompagnée d'une BO style opéra du maestro Michael Giacchino, The Batman s'inscrit dans la lignée qualitative des adaptations de Burton et de Nolan et face à la majeure production super-héroïque, son arrivée dans les salles obscures n'en est que plus réjouissante.