Pleasure, titre particulièrement paradoxal pour un film présentant un exact contraire du plaisir sexuel, allant même jusqu'à un profond sentiment de dégoût par les horreurs physiques et psychologiques subies par le personnage de Sofia Kappel lors de ses tournages. Chaque succession de séquences à pour seul et unique but de faire monter de manière progressive une malsanité du milieu pornographique - à en détourner le regard sur certaines scènes de sexe - jusqu'à en associer les rares moments de bienveillance.
À l'image d'une véritable investigation voire un film d'étude sur le milieu de la pornographie, Ninja Thyberg filme avec passion les cachés d'une industrie que le public ne connait que trop peu afin d'intégrer à sa narration, de manière efficace, une certaine critique sociologique (notamment la place de la femme, le mépris social, physique...).
Mais derrière ces qualités qui en feraient un excellent documentaire se cache un film qui ne sait absolument pas sur quel pied danser car constamment perdu dans ses dénonciations, dans son regard moralisateur et dans son discours divisé entre sarcasme et féminisme de surface.
Par ailleurs si la bonne performance globale des actrices et acteurs est à saluer, aucun personnage n'est réellement agréable à suivre. Développement bâclé, absent ou bien trop tardif, Thyberg semble attacher bien trop d'importance au collectif pour ne finalement qu'alimenter un même point-de-vue en dépit d'un réel développement de ses personnages. Un ventre-mou particulièrement problématique pour la protagoniste dont la personnalité n'est ni claire, ni complète (à l'image de son passé ou de ses motivations), bien que son traitement très angélique à l'image (appuyé par une musique classique) présente un contraste intéressant avec la brutalité du milieu pornographique (appuyé par un mélange entre rap et électro).
Un sujet choc, un premier film, la recette parfaite d'un film de Festivals mais aux illusions narratives suffisamment fragiles pour y repérer les nombreuses failles.