Spécialiste des séries B, Jack Starrett est aussi un acteur de second rôle. S’il tient ici un rôle de pompiste, c’est celui du sergent Galt dans Rambo qui l’a rendu célèbre. Mais son cinéma à lui, c’est vraiment celui de l’exploitation : blaxploitation, bikesploitation et autres curiosités font le sel de sa filmographie. Son film le plus célèbre est certainement cette Course contre la mort qui mélange les genres à la mode. On retrouve ainsi une pincée de satanisme, une louche de redneck, une bonne dose de road-movie, du bike, des courses-poursuites et des cascades pour un résultat fourre-tout totalement maîtrisé. Généreux dans l’action avec de formidables cascades comme les Américains savaient si bien le faire dans les années 1970, le résultat est un véritable plaisir qui sait saisir l’ère du temps avec un réel savoir-faire. Comment, par ailleurs, ne pas penser, tout au long de la dernière partie, à Mad Max avec ces courses-poursuites et ces poursuivants qui n’hésitent pas à monter sur un camping-car qui roule à toute vitesse pour attaquer ses occupants ? Si la sauvagerie n’est pas aussi intense que dans le film de George Miller, on y retrouve ce doux parfum de folie qui en fera sa réussite.
Et le film fourmille de pleins d’idées formidables. D’abord celle d’avoir confié les premiers rôles à deux acteurs emblématiques de cette période. Peter Fonda, figure culte de la contre-culture américaine, devenu dans les années 1970 une star des films d’action nage ici comme un poisson dans l’eau. Que ce soit au guidon de sa moto ou au volant du camping-car qui fait de lui la figure de l’Américain moyen ayant réussi et qui se retrouve, à son tour, confronté à de dangereux marginaux, sa prestation fait mouche, notamment sur le plan symbolique. À ses côtés, Warren Oates, dont la carrière est intimement liée à celle de Sam Peckinpah, mais qui a aussi joué sous la direction de Peter Fonda et qui a aussi participé au road-movie Macadam à deux voies, trouve dans ce film, à la même enseigne que son partenaire, un rôle de victime qui va à l’encontre de ses rôles habituels. Leur seule présence donne un véritable crédit à cette série B portée par leur impeccable interprétation. L’autre excellente idée, ensuite, est de n’avoir pas cherché à sortir des codes de la série B. À l’instar d’un Roger Corman, Jack Starrett ne vise que l’efficacité et celle-ci passe par son rythme qui vous embarque pour 1h25 d’action avec un final glaçant, expédié en deux minutes chrono.
Si le film est assez peu connu dans nos frontières, il est considéré comme culte. Certainement parce qu’il a su mélanger de nombreux genres du film d’exploitation américain des années 1970, mais plus généralement parce qu’il est une synthèse de plusieurs films marquants (sortis à la même période ou juste après) qui ont pu l’éclipser. Les films de Tobe Hopper, John Boorman ou de Terence Malick ne sont pas loin. Ceux sur le satanisme non plus. Franchement, dans les années 1970 aux États-Unis, les films tournés dans le Sud, ça envoyait du lourd. Celui-ci en fait partie.