Voilà un film, prix Louis-Delluc 1975, nommé aux Oscars et aux Césars (seule Marie-France Pisier repartira avec un prix) qui a disparu des écrans de télévision depuis la fin des années 1990. La faute sûrement à un film trop ancré dans son époque et qui, s’il reste un témoignage de la France de Giscard, semble désormais très lointain. Saillie assumée d’une société embourgeoisée vivant dans le mensonge, l'hypocrisie et le paraître, l’ensemble entre dans le lard des traditions et présente un couple qui assume son amour aux yeux de tous même s’il devrait être défendu car l’un et l’autre sont mariés. Il n’est évidemment pas question dans ce film d’une relation interdite entre deux personnages issus de la même famille (ils n’ont aucun lien du sang) même si certains semblent s’étonner que le sujet ne soit pas davantage traité dans le film.
Comédie de mœurs typique des années 70, le film brosse le portrait d’une société en pleine mutation où cohabitent deux façons de voir la famille, le couple, la relation aux autres. C’est aussi l’histoire d’une romance entre un homme et une femme qui se trouvent véritablement et qui tournent le dos à ceux qui n’ont pas été capables de les rendre heureux jusque-là. Leur envie d’écraser tout leur entourage de leur amour peut se comprendre mais le trait finit par être outrancier à force d’être souligné au fur et à mesure du film. Tout est présenté sur le même rythme, sans péripétie particulière, mais avec une véritable envie de montrer ces hommes et ces femmes au plus près. L’interprétation fait le reste. Le couple formé par Victor Lanoux et Marie-Christine Barreau est formidable. Marie-France Pisier excelle dans son rôle de névrosée, Guy Marchand est parfait dans son incapacité à être un homme autrement qu’en séduisant les femmes qui l’entourent.
Le résultat est agréable mais il est vrai, un peu vieillot. D’une mise en scène plutôt académique à un récit qui ne va pas aller au-delà de sa série de portraits, certains risquent de s’y ennuyer un peu. Il en demeure le témoignage d’une époque et d’une autre façon de faire du cinéma qui peut apparaître rafraîchissante des décennies plus tard.