Yves Deniaud incarne le marchand de quatre saisons Crainquebille, un brave type dont toute une première partie du film raconte le quotidien pittoresque sur un marché parisien qui ne l'est pas moins. Même reconstitué en studio, l'endroit fait un décor populaire plaisant, fait d'argot et de bons mots. Il n'est sans doute pas un reflet social authentique, mais le réalisateur lui confère une ambiance particulière, celle de la rue.
D'après Anatole France, le film de Raph Habib pourrait passer pour une aimable plaisanterie populiste si le thème ne se se dévoilait pas sous la forme d'une injustice anecdotique dont Anatole France fait un manifeste. Pour une insulte à un agent de police, qu'il n'a pas faite au demeurant,, Crainquebille écope d'un procès et d'une courte peine de prison.
Rien de spectaculaire. Mais à travers le cas de Crainquebille l'honnête travailleur, Anatole France, bien relayé par le film, stigmatise une justice expéditive et inique, méprisante à l'égard du faible et dénonce dans la continuité une défense qui se paie de mots et une peine inadaptée qui ruine moralement le condamné.
A travers le personnage de l'excellent Yves Deniaud se dessine, transposée dans les années 50, la critique d'un certain ordre social, probablement encore plus significative à l'époque du romancier. Le cas de Crainquebille est anodin mais on sourit jaune parce qu'il est édifiant.