David Cronenberg continuait de creuser encore un peu plus profondément au sein de cerveaux très accidentés avec Crash...
Les bagnoles, les cicatrices, le cul et la mort sont le quotidien et l'unique raison de vivre (et de mourir) d'une bande de types que rencontrera un couple en perte de vitesse sexuelle... Un couple dont le mari vient de subir un accident mortel que la vue du sein débordant de la femme épargnée du mort d'en face fera basculer...
Une image léchée, une réalisation quasi sans faille (quasi = premier crash pas hyper crédible, accès trop facile à l'un des accidents), un casting sexy (James Spader, Holly Hunter, Rosanna Arquette) et une bande originale bien malsaine comme il faut nous feront ainsi traverser la morbidité des désirs et des perversions de personnages qui ne cesseront de jouer aux auto-tamponneuses de la vie et de la mort... Une sorte de secte de suceurs de tôle froissée quoi.
David Cronenberg ne cesse d'essayer de choquer dans ce film et il y parvient mais, entre nous, le principe des reproductions d'accidents célèbres (James Dean, Jayne Mansfield), s'il est fascinant, me paraît tellement inconcevable et la psychologie des personnages tellement lointaine de la mienne, que je suis finalement resté assez en retrait de ceux-ci, n'éprouvant que trop peu d'empathie, même si je conçois de telles dépendances et dérives psychiatriques...
Cela dit, ça ne m'a pas empêché d'être captivé tout le long du film par sa réalisation, par ma curiosité et probablement aussi par un certain voyeurisme de ma part. Parce que bon, la masturbation, le goût du sperme, le poil de foufoune, l'homosexualité en cuir, tout y passe ou presque ! Ce film n'est d'ailleurs que pulsions, et même pour le spectateur.
Cette histoire de mecs et de nanas rescapés qui n'ont pour seule envie que d'en finir là où ils ont survécu alors qu'ils auraient dû partir, et en perpétuelle recherche de sensations aussi fortes que frôler la mort, il y aurait comme souvent une thèse à écrire. Mais, quoi qu'il en soit, c'est original, intelligent, dérangeant, jusqu'au-boutiste : c'est du Cronenberg.