Crawlspace
4.3
Crawlspace

Film de Justin Dix (2012)

Bon, je risque de spoiler un poil le film, mais de toute façon, avec la note unanime qui lui a été envoyé dans les ratiches, difficile de dire que vous êtes super à cheval sur votre envie de voir ce film. Au pire, vous tomberez dessus et le regarderez pour le sport, allez, je le sais bien, c'est pour m'en moquer que j'ai lancé le visionnage et pour tout dire, j'ai été un peu déçu - dans le bon comme dans le mauvais sens. Déçu d'un côté de ne pas avoir envie de m'en moquer davantage, parce qu'il y a quand même un peu d'amour, dans ce film, à défaut d'avoir du talent. Déçu ensuite que ça ne tienne pas davantage des films auxquels cela emprunte. Parce que, sans mauvaise foi, avec un peu plus de moyen - et quelqu'un d'autre aux commandes, peut-être - le film aurait pu facilement se tailler une place pas dégueu dans la série B modeste mais classy. Bon, là, pour la peine, ça va pas le faire, mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs !

Séquence souterraine, une ravissante blonde se réveille dans un décor intestinal, un petit bout de boyau très étroit. Cadavres dégoûtants dans un coin, que la demoiselle semble découvrir en même temps que nous et hop, la belle se met en marche, on découvre le titre, on découvre un petit texte nous expliquant qu'un centre de détention-labo souterrain a cessé d'émettre. En même temps, ce labo, vous avez eu la super idée de le faire en Australie, les gars. Fallait s'attendre à ce que la faune et la flore lui défoncent le crâne. Mais non, ça semble un peu plus compliqué et les marines vont devoir tuer tous les petits prisonniers et escorter le personnel scientifique survivant à l'extérieur. Ben voyons. Evidemment, ça pue l'embrouille, évidemment, ce sont des expériences qui ont mal tourné, évidemment tout ce que vous vous dites est vrai. Ou peu s'en faut. Seulement voilà, déjà, en l'espace de cinq minutes, les deux principaux problèmes de Crawlspace viennent de bondir à l'écran : les acteurs et le tunnel souterrain.
Parce que les acteurs, ils en tiennent une sacrée couche et ne la lâchent pas de tout le film. Aidé d'un doublage français particulièrement convainquant (ha ha ! le chef des scientifiques, épique), ils manquent tous d'une bonne louche de charisme et d'actor's studio. Allez, à la limite, je sauverai presque la jolie blonde, parce qu'elle est jolie et parce qu'elle a un panel de réactions un peu plus varié (cela dit, elle surjoue tellement les séquences "sadiques" que ça va être dur à défendre) et le laborantin un peu fourbe, qui est amusant et meurt de façon cool. Tout le reste, ça peut passer à la benne. L'officier militaire qu'on croirait encore triste d'avoir raté le rôle de Kyle Reese, le chef des scientifiques qui essaie de faire son Udo Kier, les bidasses qui surjouent le côté badass, tout le monde est à passer à la moulinette. La petite qui fait des knackis. Forcément, pour un film qui est presque uniquement en huit-clos, se coltiner une telle brochette d'idiots, ça calme tout de suite tes prétentions à l'oscar !
L'autre gros problème, c'est l'évident côté fauché du truc. Le film se passe presque intégralement dans ces putains de tunnels. Alors ok, c'est cool, ça permet à Dix de les éclairer de façon super classe, mais putain, deux tunnels quoi. Deux putains de tunnels pendant presque une heure, sauf fausse note : parfois, on a droit à une petite salle d'opération, voire même un corridor un peu plus large. Tout le reste, emballer c'est peser, direction le tunnel. Alors je sais pas si c'était pour "oppresser" le récit ou si vraiment Dix n'avait pas eu le choix, mais j'ai jamais vu un truc aussi relou. Ca en devient presque une sorte de gimmick bizarre : chaque personnage a l'air de parfaitement connaître ces dédales et n'arrêtent pas d'asséner des "on y est bientôt", des "par-là", comme s'ils pouvaient faire la différence entre ces boyaux parfaitement similaires. Alors ok, on voit la référence à "Alien" premier du nom, mais même dans Alien premier du nom, on avait des couloirs un poil plus vastes ! Le brave Dix se fend même d'une petite séquence dans l'aération, histoire que le métrage paraisse encore plus étriqué !
Bon mais alors, bon sang, pourquoi 4 ? Les acteurs sont nuls et les décors exsudent le manque de moyen ! C'est simple : les pouvoirs psi. Les pouvoirs psi, c'est cool. Pour la peine, moi, ça me faisait quand même vachement fantasmer : imaginez que vous, avec vos petits bras maigrelets, vous pouviez coller une grosse branlée à votre pire ennemi de 180 Kg. Ça envoie quand même pas mal. Et du coup, moi, ça me fascine toujours un peu. Même quand ça permet juste de faire quelques effets d'hallucination-guerre psychique dans ma te-tê un peu bof ! Cela dit, il y a une ou deux petites idées de scénario pas terriblement horrib', qui fonctionnent même assez bien et m'ont même 'achement plu. J'aurais bien aimé avoir des combats psi de foufou entre psykers, mais bon, apparemment, même des gens qui se regardent avec un air vénère en saignant du nez, c'était pas possible !

Au final, c'est quand même un beau bide, ce très faiblard Crawlspace. Pas autant que je l'aurais escompté, malheureusement. Du coup, là où je pensais me marrer devant les faiblesses du film, comme j'aime le faire devant un bon nanar, j'ai juste été déçu que Dix n'ait pas l'air d'avoir les épaules pour le récit qu'il entreprend. On regarde juste un film qui aurait pu être très très cool (merde, je comprends pas pourquoi les pouvoirs psis sont pas plus exploités !) mais qui glisse au dernier moment et s'étale dans la boue. Tout n'est pas à jeter, mais ça aurait bien besoin d'un bon dépoussiérage pour être pleinement regardable.
0eil
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le 9 juil. 2014

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