À la lecture du fait divers et de l'idée fantasmatique d'en faire une comédie gore, on se frotte les mains et on prépare le sceau de pop-corn. Et quand on réalise au sortir de la salle que la seule chose réellement drôle c'est le pitch d'entrée, il y a comme qui dirait un problème non ? Crazy Bear ne lésine pas pour faire monter la sauce. Une paire d'enfants qui fait l'école buissonnière, des malfrats mal assortis dans une mission de récupération, des services de sécurité complètement à l'ouest, et tout ce petit monde partage la forêt avec un grand mammifère raide défoncé. Aussi incroyable que cela puisse être, pratiquement rien ne fonctionne.
Les moyens ne sont pas en cause. 30 millions de dollars, c'est un budget confortable pour une bouffonnerie. Globalement, les VFX sont de qualité. Il y a un peu de viande sur les murs, une ou deux morts cradingues (indice : bouffer le bitume au sens littéral). Mais la frustration l'emporte facilement sur les maigres offrandes. Le script ne cherche pas loin, l'ironie est désuète et le défouloir assez monotone. Les personnages, pour la plupart rabaissés par des gags lourdingues (le chien du policier), sont en plus handicapés par des dialogues mollassons. Et la mise en scène n'arrange rien. En multipliant les coupes de tous les côtés pour donner du rythme, E. Banks parvient au contraire à émousser l'intérêt tant l'utilisation du décor est quasi nulle et la créativité absente.
Ne reste plus qu'à se reposer sur la distribution, en particulier Keri Russell et Alden Ehrenreich très bons. Feu Ray Liotta n'aura malheureusement pas plus de place qu'un guest pas très fendard. C'est bien trop peu pour être heureux. Crazy Bear va grossir la liste des fantasmes ciné ayant eu le malheur d'être mal exaucés.