Rachel,jeune prof d'économie américaine,s'envole pour Singapour avec son fiancé Nick,qui veut la présenter à sa famille.Elle qui est d'origine modeste a la surprise de découvrir que les Young sont les plus riches habitants de l'île,des milliardaires nageant dans une fortune totalement indécente.La plupart des membres du clan la rejettent,surtout Eleanor,la terrible mère de Nick, car ils la considèrent comme une arriviste uniquement intéressée par leur argent.Cette production Warner a la rarissime particularité de n'être jouée que par des acteurs asiatiques,ce qu'il faut modérer car la majorité d'entre eux est constituée d'américains ou d'anglais,bien qu'ils aient des origines chinoises,taïwanaises,coréennes,malaisiennes ou japonaises.Le réalisateur Jon M. Chu est lui-même un ricain né de parents chinois,et il est étonnant de voir cet usineur de sequels de succès hollywoodiens mouvementés,on lui doit les suites de "Sexy Dance","G.I. Joe" ou "Insaisissables",s'atteler à cette bluette insipide tirée d'un roman de Kevin Kwan.Il s'agit donc de l'histoire bien connue de la gentille héroïne naïve et pleine de bonne volonté qui a rencontré le prince charmant mais que son statut social modeste condamne à être méprisée et malmenée par sa belle-famille.Naturellement elle va courageusement faire front,naturellement ses rapports avec son copain vont se compliquer,naturellement tout s'arrangera à la fin.Le film est bien cramé dès le début avec cette pauvre Rachel qui vit avec Nick depuis un an et se trouve être la seule à ignorer l'aisance financière des Young,ce qui est vraiment très gros.Mais ce film a quelques bons côtés dans sa manière d'aborder les rapports de classes entre riches et pauvres,les antagonismes culturels entre Orient et Occident et le luxe scandaleux dans lequel évoluent des gens qui pour la plupart n'ont rien fait pour le mériter et profitent simplement de la réussite et du travail de leurs aïeux.Singapour donc,un de ces endroits débiles pleins de buildings profilés de 30000 mètres de haut,de jets d'eaux,de jeux de lumières,de grandes roues et de piscines sur les toits d'immeubles qui font rêver les crétins de la populace et où s'ébroue une faune d'enculés blindés défoncés à la coke,aux cours du Dow Jones,aux fiestas démentielles et aux excentricités neurologiquement douteuses.C'est un de ces lieux qui puent l'entre-soi friqué et snobinard de la vermine jet-setteuse parasitaire qui se balade de Doha à Las Vegas en passant par Dubaï.Curieux d'ailleurs que ce genre de cités frimeuses se développent sur des continents du Tiers-Monde à l'heure où les villes occidentales deviennent de véritables dépotoirs,comme si les principales fortunes n'étaient pas là où l'on croit.Il faut dire qu'on ne rigole pas avec la discipline dans ces coins-là,on sait y traiter la criminalité et y limiter l'immigration au strict quota nécessaire d'esclaves domestiques.D'ailleurs ces asiatiques éprouvent le plus parfait mépris pour cet occident décadent dont ils déplorent l'individualisme forcené qui a relégué aux oubliettes la solidarité familiale,et même Rachel,pourtant d'ascendance chinoise,est considérée comme une américaine vu qu'elle a toujours vécu aux States.On la traite même de banane,jaune dehors et blanche à l'intérieur,comme les noirs appellent bountys leurs semblables occidentalisés,noirs à l'extérieur et blancs dedans.Le tout baigne dans cet insupportable emballage sonore sirupeux dont il faut être chinois pour penser que c'est de la musique,heureusement qu'il y a quelques reprises de tubes bien de chez nous comme le "Material girl" de Madonna ou "Can't help falling in love" de Presley.Côté interprétation,c'est soit fade soit surjoué,entre une Michelle Yeoh bien lessivée et le couple vedette Constance Wu-Henry Golding très insignifiant,avec en face les intolérables clowneries d'Awkwafina ou de notre ami Ken Jeong qui ne s'est pas arrangé depuis les "Very bad trip".Par chance il y a l'hallucinante beauté de Gemma Chan,la cousine trompée par son mari.Ce type est fou,il vit avec Miss Monde qui est gentille,pleine aux as et folle de lui,et il trouve le moyen d'aller voir ailleurs!Il y en a,je vous jure!