Si le premier film avait des connexions flagrantes avec Rocky, il apportait une certaine humanité et un drame à l’histoire. Il y avait vraiment cette impression qu’on revenait aux racines. Du coup, est-ce que le retour d’Ivan Drago et de son fils, défiant Adonis reconnecterait avec Rocky IV, un film si particulier et propre à son époque et patriotisme qu’il en devient presque nanardesque de nos jours ? La réponse de Creed II est, à mon sens, la meilleure qui puisse être : oui, une nouvelle, la construction du film est symétrique à l’origine de l’inspiration, mais cette fois-ci, on y gardé l’essence du premier Creed.
Cette suite est avant tout une histoire sur l’héritage du père. Un peu comme dans Rocky II, Adonis atteint le sommet de sa gloire, il devient la légende à laquelle il aspirait. Et à côté, on redécouvre Drago, détruit, cynique, amer, malgré les années depuis sa défaite. Et, en un sens, il se projette sur son fils pour retrouver sa gloire passée. Fils qui ne veut que rendre son père fier, retrouver l’amour de sa mère. C’est presque dommage qu’on n’explore pas plus Viktor dans ce film, parce que je trouve qu’il était intéressant en tant qu’antagoniste. Et puis bien sûr, il y a toujours cet écho du passé qui plane entre les deux. Et pour être honnête, la première partie du film est sans doute l’une des meilleures dans tout film Rocky confondu : il y a du drame, de la tension, on sentait toute la pression qui entourait les personnages. Et sa conclusion est magistrale.
Malheureusement, le film suit la même structure narrative que Rocky IV… Et donc, tout devient très vite prévisible. Et même s’il y a des éléments apportés en plus, que le ton est complètement différent (c’est sans doute le film Rocky le plus sombre), il en reste donc très prévisible et je trouve dommage qu’ils n’aient pas essayé justement de jouer là-dessus, de risquer de changer la formule pour proposer quelque chose d’autre, quelque chose de surprenant. Et c’est dommage, parce que l’histoire des deux fils qui vivent dans l’ombre de leurs parents, cherchent leur reconnaissance, je trouvais que c’était un sujet super intéressant, surtout dans le contexte du film : Adonis et Viktor ont quelque chose à régler, mais ça va au-delà de ce qui s’est passé dans Rocky IV.
Et c’est ce qui rend la dernière partie du film un poil décevante. Même s’il y a des passages très forts :
Viktor en difficulté et qui perd la reconnaissance de sa mère, et donc toute combativité ; Ivan qui comprend la situation, qui sait ce qui va se passer, et décide donc qui décide de lui-même d’arrêter le combat, avant de consoler son fils, de lui faire comprendre qu’il n’est pas déçu…
J’ai trouvé cela très puissant, émotionnellement, et ça conclut à merveille l’arc narratif de la famille Drago. Mais de l’autre côté, l’arc autour d’Adonis semble complètement déconnecté, peu excitant. Alors que pour lui aussi, il s’en passe des choses.
Le casting est dans l’ensemble plutôt efficace. Une nouvelle fois, j’ai beaucoup apprécié Stallone, tout comme ce qui est fait avec Rocky, et d’ailleurs Dolph Lundgren s’y adapte très bien. Michael B. Jordan est toujours aussi impressionnant pour être capable de passer d’une facette à l’autre de son personnage, lui donnant autant de relief que son physique. Tessa Thompson apporte également un petit quelque chose. Quant à celui qui joue Viktor, il apporte un opposant intéressant, mais encore, je suis déçu qu’on ne le voit pas plus et qu’il n’est pas l’occasion de s’exprimer davantage. Techniquement, le film est correct. La musique est efficace, que je pense avoir mieux appréciée que pour le précédent. La mise en scène reste toujours efficace lors des combats, et le montage lors de l’entraînement aide beaucoup, mais pour le reste, ça reste très classique et conventionnel.
Bref, une suite vraiment sympa. Dans l’ensemble, je dirais qu’il est à peu près du même niveau que le précédent, mais sans doute plus inégal. La première moitié du film est franchement au-dessus de tout ce que j’ai pu voir dans un film Rocky, et c’est dommage de voir la seconde moitié tomber dans la facilité.