Il y a plusieurs façons d’appréhender le fait d’avoir tort, en être mécontent, ou au contraire s’en réjouir, en particulier lorsqu’il s’agit du found footage, un genre où malheureusement le ratio qualité/quantité est très loin d’être équitable. Creep fait sans nul doute partie de la bonne catégorie, celle où le réalisateur a eu une idée de found footage, et non l’envie d’en faire un pour le fric puis ensuite trouver une idée. Imaginez un peu, un jeune caméraman est embauché par un quarantenaire qui voudrait que sa vie soit documentée, car il est cancéreux, et aimerait que son fils à naitre puisse découvrir qui il était. Pour une rémunération de 1000$ par jour, tout le monde dirait oui, sauf qu’évidemment, tout est comme le titre du film l’indique : glauque. On pourrait s’attendre à un piège aisé avec un maniaque qui s’en prendrait grassement à sa victime, avant de virer au torture porn le plus primale, comme c’est souvent le cas dans le teen-horror à la Saw, mais non ! Ici tout est d’une subtilité exacerbée, où la séparation entre l’humour et l’épouvante est d’une finesse inquantifiable, permettant au réalisateur de jouer comme il l’entend avec nos sentiments, au point de bondir lors de glorieux jump scares tout en s’esclaffant, une expérience qui est plus que particulière, et si l’on n’avait pas lu la fiche technique, on aurait pu jurer que c’était anglais, australien ou néo-zélandais, étant d’habitude les experts dans ce domaine. Il faudra d’ailleurs reconnaitre le talent de l’acteur Mark Duplass (Josef), également co-scénariste, qui se love dans son rôle comme un gros matou. À noter que le réalisateur, Patrick Brice (Aaron), est le caméraman embauché pour documenter la vie de Josef.
Chose qui vous vrillera les nerfs autant que l’angoisse ressentie devant la bobine, elle est la première d’une trilogie, autant vous dire que beaucoup d’entre nous vont guetter la date de sortie du second opus (qui n’a hélas pas encore été annoncée). Il ne reste plus qu’à croiser les doigts, car il est rare que les suites de found footages, même ceux de qualités, soient à la hauteur, comme ce fut le cas pour Grave Encounters 2.
Creep est, disons-le haut est fort, le meilleur found footage de 2015. Pas une seule seconde l’ennui guette, tant l’histoire est passionnante à suivre, en plus d’être riche en rebondissements, à l’humour noir implacable, et à l’angoisse parfaitement dosée et maitrisée. Aussi, il ne présente aucune horreur graphique, ce qui fait qu’il plaira tout autant aux personnes n’ayant aucun atomes crochus avec le genre.
Critique