Stupéfiant de voir ces policiers gifler sciemment devant la caméra*, en toute désinvolture (et réclamer son exctinction lorsqu'il s'agira semble-t'il de passer aux "choses sérieuses") ! Le film interroge l'éthique de notre regard (en ce sens il nous confère la liberté de jugement et n'est pas didactique, donc pas véritablement satirique), sur des images au point de vue oscillant entre empathie et voyeurisme. Une cruauté ordinaire faisant froid dans le dos, avec des jeunes gradés bien dressés pour humilier. Justice arbitraire, où le degrés de sévérité des sanctions se montre directement proportionnel à la vulnérabilité des accusés (l'un sourd-muet), ou au contraire à leur habileté oratoire, à leur ruse (chiffonnier). Jubilatoire joute oratoire entre le jeune gendarme humilié - traité de connard et d'inutile au téléphone par le fils ! - et le glaneur de chiffons, malin comme un singe ! L'article de Jie Li dans "Perspectives chinoises" intitulé "Filmer le pouvoir et les sans-pouvoir" (lisible sur Persée), prend le parti d'incriminer davantage l'impitoyable uniforme revêtu que les individus eux-mêmes, simples rouages d'un mécanisme répressif inhumain, cherchant simplement à gagner leur vie.
(*) sans parler de l'effroyable cruauté de la scène avec le chien, laissant augurer la brutalité institutionnelle qui les administre. Ils en perdent leur cheveux d'ailleurs !