L'hommage ultime à Alain Corneau était d'aller voir son dernier film Crime d'Amour, polar sur fond de séduction et manipulations en tout genre, et même si les circonstances aidant je suis encline à une certaine indulgence, j'ai envie de dire que c'est du cinéma, entendons par là qu'on ne se laisse pas vraiment embarquer dans ce qui semble débuter comme un jeu trouble et ambigu entre deux femmes qui déclinent chacune à sa façon, amour, admiration et pouvoir.
Alors certes la reine Christine, Kristin Scott-Thomas belle et très classe comme à son habitude, exerce d'entrée une certaine fascination, laquelle toutefois ne perdure pas, glaçante et manipulatrice à un point tel que le personnage tombe dans une outrance peu crédible; face à elle, Isa, celle qu'on voudrait nous présenter d'abord comme Le Petit chaperon rouge dans les griffes du grand méchant loup, puis en criminelle parfaite n'est guère plus convaincante : Ludivine Sagnier fait des efforts pourtant, mais nous laisse froids, amusés par sa croupe ondulant sous sa jupe serrée et sa démarche maladroite, perchée qu'elle est sur des hauts talons de Working Girl.
Quant à sa passion sauvage pour Philippe/Christine on ne croit guère à ce qui ressemble davantage à des empoignades qu'à un corps à corps amoureux et sensuel.
Bref, j'aurais aimé croire à ce Crime d'Amour, mais trop de clichés et d'invraisemblances ne m'ont pas permis d'entrer dans l'histoire, n'oubliant jamais que j'étais au cinéma, et pas forcément pour le meilleur.