Plaisir mortifère

Derrière ce titre à rallonge se cache un film assez peu vu de l'excellent Kôji Wakamatsu et cette fois il va s'attaque à la misère sexuelle d'un jeune lycéen, n'arrivant pas à coucher avec les filles. Le personnage servant d'anti-héros à notre histoire va surprendre un viol et se mettre en tête de faire pareil. Et si sur le papier ça fait promotion de ce que certains appellent la culture du viol (sic), le film est bien plus subtil que ça, parce que le personnage principal est un vrai raté... Il se comporte comme un raté, il échoue une fois sur deux dans ses tentatives... Mais surtout on voit que c'est réellement un dégénéré, car même quand des filles se donnent à lui, il se rend compte qu'il ne prend pas de plaisir. Ce qui lui procure du plaisir c'est de tuer les filles.

On est clairement sur du détraqué de très haut vol.

Et donc même si on épouse son point de vue, que ça soit lorsqu'il regarde les autres baiser, ou lorsqu'il commet ses méfaits, à aucun moment on s'identifie à lui ou on le comprend. Ses actions sont inexplicables et inexpliquées. Il y a donc un côté assez malsain au film (qui fait clairement partie du plaisir de visionnage) à suivre de trop près ce personnage, de le voir systématiquement être pathétique, prendre les mauvaises décisions, empêchant le spectateur de s'y accrocher.

Je dois dire que j'ai beaucoup aimé, comme dans d'autres Wakamastu ou dans la Bête aveugle de Yasuzo Masumura, ce rapport mortifère à la sexualité. On se croirait chez Georges Bataille, où le sexe et la mort sont très liés. J'apprécie donc d'autant plus lorsque des artistes explorent d'autres facettes du sexe et oser aller trop loin. On ne va pas se mentir, n'importe qui ne pourra pas regarder ce film et réussir à l'apprécier, parce qu'il est trop trouble et ambiguë. Il propose quelque chose de bien trop rare, à savoir oser être totalement outrancier, faire du personnage principal un vrai malade qui ne recule devant rien, mais sans jamais l'idéaliser.

Et puis vu qu'on est chez Wakamatsu on a toujours une photographique magnifique, une mise en scène au poil pour filmer ces corps nus s'entretuant.