La carrière de Kevin Costner serait-elle en train de virer comme celles de Bruce Willis ou de Liam Neeson. Le comédien, multi-récompensé il y a de nombreuses années pour Danse avec les Loups et remarqué dans d’excellents films des années 90 s’est récemment laissé allé à une production Besson signée McG, Three Days to Kill. Le voici maintenant à l’affiche de Criminal, sous-titré « un espion dans la tête », un film qu’aurait tout à fait pu produire celui qui a financé la série des Taken et autres long-métrages montés sur le même schéma.


Criminal s’ouvre sur Ryan Reynolds. Agent du gouvernement en mission à Londres, il passe un coup de fil à sa femme pour lui demande ce qu’elle porte, sans esquisser le moindre sourire. Puis, depuis la rue, il rentre dans un magasin de maroquinerie, récupère un sac, descend deux étages d’un escalier en courant pour se retrouver dans la dite rue. L’absence de jeu du comédien et ce petit soucis de localisation dans l’espace devrait nous mettre la puce à l’oreille : Criminal est un film à problèmes.


Pourtant le film d’Ariel Vromen part d’un pitch prometteur : le personnage de Reynolds se fait descendre et ses souvenirs sont copiés/collés dans la tête de Kevin Costner, dangereux tueur apathique qui possède juste la malformation cérébrale nécessaire au processus. Lui doit donc faire avec une mémoire qui n’est pas la sienne et les proches de Reynolds doivent composer avec quelqu’un qui est de leur famille dans l’être. Ca aurait pu être une idée intéressante, à développer comme l’a fait John Woo dans Volte-Face. Mais Vromen et ses scénaristes Douglas S. Cook et David Weisberg ont plutôt en tête d’en faire un blockbuster idiot, aux scènes d’action insipides.


Quand le super-méchant-hacker de l’histoire modifie sans qu’on sache comment il l’a repéré le parcours du GPS d’un chauffeur de taxi londonien qui ne se rend compte de rien ou quand le gouvernement perd la trace du personnage de Costner mais trouve n’importe qui dans la ville anglaise grâce à la vidéo surveillance, on ne peut que tiquer un plus. Puis apparaissent à l’écran rien de moins que Tommy Lee Jones, Gary Oldman et Gal Gadot. Si l’interprète de Wonder Woman s’en tire honorablement (elle a les meilleures scènes du film), on se demande bien ce que les deux comédiens sont venus faire dans cette galère. Dans le premier acte du film, ils se retrouvent dans la même pièce que Costner. Trois légendes du cinéma des années 90 face à face à qui le réalisateur avait la possibilité d’ouvrir une scène d’anthologie comme l’a fait, par exemple, Michael Mann dans Heat. Mais non, Vromen se contente de champs contre champs insignifiants et ne fait strictement rien de bon avec ses comédiens.


Ce genre de production pourrait se regarder si l’action était au rendez-vous, si on en prenait plein la vue en mode « plaisir coupable ». On serait même prêt alors à pardonner les errances d’un scénario qui n’arrive jamais à trouver ce qu’il cherche à raconter, et qui n’est pas capable de donner du corps à ses personnages. Mais avec un petit budget (30 millions de dollars) pour ce genre de projet, difficile de faire les choses en grand. Les scènes de poursuites et de fusillades ne ressemblent de fait à pas grand chose.


Reste Kevin Costner qui cabotine comme jamais mais prend manifestement du plaisir à jouer là-dedans, comme si le comédien avait toujours voulu du rôle d’un salaud qui finit par avoir un grand coeur. Mais, pitié, Kevin, reprend toi. Il y a encore du bon en toi, ne te sens pas obligé de faire une fin de carrière Bruce Willis !


Vous, en tout cas, vous savez quoi faire : passer votre chemin.


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