Peak et Peak et colégrame

Comme beaucoup, enfin c'est l'impression que j'avais, j'attendais patiemment le dernier bébé de Guillermo Del Toro.
Et soyons honnête, il n'ai jamais bon de trop attendre d'un film (quel qu'il soit).

Personnellement, j'ai découvert le cinéma du réalisateur mexicain avec , ce qui est pour moi son chef d'oeuvre , le labyrinthe de Pan et je suis littéralement tombé amoureux de son univers , plus que de son cinéma d'ailleurs.
J'ai un peu l'impression de me retrouver dans ses influences, dans son amour pour les freaks et les créatures en tout genre.
Les récits qu'il adore, je les adore aussi. Les auteurs qui l'influence m'influence aussi.
Donc ouais, je me sens proche de lui et quand on est proche d'un auteur , on lui pardonne un peu tout.

Car oui, c'est vrai, hormis le labyrinthe de Pan et l'échine du diable, il fait toujours des films ultra sympathiques mais bourré de défauts et malheureusement Crimson Peak n'échappe pas à la règle.
Ceci dit , je n'ai pas vraiment le même avis sur les problèmes du film.
Beaucoup de critiques reviennent sur la simplicité de son scénario et sur une forme plus "forte" que le contenu.
Pour ma part, ça, c'est la grande qualité de la réalisation de Del Toro et ce qui fait que l'ensemble m'a totalement embarqué (alors qu'habituellement, il me faut bien 2 visions pour oublier mes attentes et mieux apprécier ses histoires).
Il est un des rares ( voir le seul) à pouvoir nous proposer ce genre d'univers et avec Crimson Peak , il est à l'essence même du conte gothique horrifique. Il est dans la plus pure tradition des Lovecraft ou autre Edgard Poe- toute proportion gardée bien sûr. ( et pour ceux qui aime les comics, Mignola est aussi d'une grande simplicité dans ses scénarios d'Hellboy ).
J'ai toujours pensé que pour ce genre de récit, il fallait être le plus simple possible et laissé l'ambiance et le mystère opérer.

Dans Crimson Peak, c'est la forme qui crée l'ambiance et permet au spectateur de s'immerger dans le récit.
Après, on rentre ou pas dans l'univers, c'est un autre problème mais on ne peut pas nier que Del Toro ne remplit pas sa part du contrat.
Y a un vrai amour qui transpire pour cet univers. On le ressent sur chaque costume, sur chaque détails de la maison, sur ces fantômes plus effrayants que jamais. Tout est absolument sublimé par ce travail d'orfèvre et plus qu'un écrin, c'est un véritable outil pour le film.
Pour ma part, il n'y a rien de mieux pour rentrer pleinement dans un film, ça remplace toutes les 3d du monde.
Alors bien sûr, on devine assez vite les tenants et aboutissants de l'intrigue (encore plus quand on connaît bien le travail du réalisateur) et on échappe pas à certaines facilités mais dans l'ensemble , j'ai quand même grave pris mon pied.

Non, là où j'aurais un véritable reproche à faire à ce film, c'est qu'au fond, Del Toro ne se réinvente pas.
On pense ce qu'on veut de Pacific Rim mais avec cette licence, il explorait un autre univers.
Ici, le problème vient du fait que le film de fantôme, il l'a déjà fait et ça s’appelle l'échine du diable.
Du coup, une bonne partie des thématiques qu'il avait travaillé dessus, on les retrouve dans Crimson Peak (le rôle des fantômes, le côté immergée des corps, le crime inavoué, le bâtiment au milieu de nul part etc, etc ..)

Donc non, Crimson Peak n'est pas raté.
Quand on voit ce film, une chose saute aux yeux, il n'y a que lui qui est capable de faire ce genre de choses.
Il est le seul et le cinéma de divertissement a besoin de gars comme lui avec une véritable empreinte.
Cependant, Crimson Peak, c'est aussi une mise en garde.
Il ne doit pas se relâcher, pas rester sur ses acquis. Le fantastique, le gothique, l'horreur est un genre assez vaste et qui peut être exploré de tas de façon.
A lui de trouver la bonne (bon en sachant qu'il risque de plus se focaliser sur l'univers de Pacific Rim, je suis moyennement rassuré mais bon, on verra bien. )
Je ne lui demande pas forcement de l'originalité, je lui demande juste de ne pas se répéter