It's a world of everything dying and eating each other right beneath our feet

Une bonne surprise avec ce film. Je m’attendais à être un peu déçu, mais au final j’ai passé une bonne séance. Il s’agit effectivement plus d’un film à énigme horrifique, mêlant un peu de romance et surfant sur le thriller par moment, que d’un pur film d’horreur. Et on le comprend très rapidement, lorsqu’on voit la mise en abime au début du film et lorsque l’héroïne explique que les fantômes sont des métaphores du passé. Plus tard, un autre personnage nous rappellera que chaque lieu a vu passé des dizaines d’âmes et est donc, par la force des faits, hanté.

C’est au final exactement ce qui se passe dans ce film, et si ça n’avait pas été réalisé par del Toro, on n’aurait probablement pas eu de fantôme du tout. Le film n’essaye même pas de nous mentir en voulant nous faire peur, il cherche avant tout à créer une ambiance oppressante et mystérieuse autour de cette fratrie pour le moins suspecte. Car effectivement, il ne faut pas plus de 2 minutes pour comprendre que le frère et surtout la sœur ne sont pas nets du tout.

On peut reprocher à l’histoire d’être extrêmement prévisible et au final peu surprenante, parce qu’elle l’est réellement. Mis à part l’ambiance instaurée, que j’ai beaucoup aimée, les personnages n’ont pas beaucoup de secrets, ou du moins ceux-ci sont éventés assez rapidement. Ce qui au final manque de créer une véritable tension dans le film et de s’attacher aux personnages, permettant ainsi de rendre l’intrigue dramatique (ce qu’elle veut être, mais échoue). Reste donc cette part de mystère et cette ambiance plutôt chouette.

L’histoire regorge également de pas mal de trucs un peu too much, et pas seulement parce qu’il y a des fantômes. Le final notamment en est rempli, au point de le rendre très détaché et au final décevant. Car si l’histoire est assez classique, elle suit une certaine logique et sa conclusion est probablement sa partie la plus fade, la plus prévisible.

Le casting est globalement correct. Une nouvelle fois, je n’ai que moyennement aimé Mia Wasikowska, même si c’est probablement le meilleur rôle dans lequel je l’ai vue. Et une nouvelle fois, Jessica Chastain et Tom « Loki » Hiddelston (parce que oui, la première chose à laquelle on pense quand il débarque, c’est « ça y est, Loki est dans la place ») m’ont régalé par un jeu très classique mais parfaitement dans le ton de l’ambiance et de leur personnage.

. L’alchimie entre les deux y est probablement pour beaucoup. Le reste du casting sera correct sans pour autant être fantastique.

C’est techniquement, au final, que le film se révèle le meilleur. Une nouvelle fois, del Toro nous livre un petit bijou visuel. On peut donc signaler la musique fantastique de ce film, qui est à la fois mystérieuse, belle, envoutante et quelque peu terrifiante par moment, et qui m’a fait découvrir Fernando Velázquez.

Les décors aussi, bien sûr, toujours au top du top chez del Toro, que ce soit l’Amérique du XIXe siècle ou la demeure « à fantôme » d’Angleterre (oui, parce que bon, dès qu’on voit la maison, on se dit « oh, elle, elle est au moins hantée ») ; créant une nouvelle fois une ambiance visuelle qu’on dévore du regard. Il n’est pas rare de se concentrer plus sur les détails de telle pièce plutôt que sur l’histoire elle-même.

Les effets spéciaux, très discrets, iront dans le même sens. Servant plus à créer un background à l’histoire, le style visuel des fantômes et à la fois effrayant, magistral et captivant. Le tout participant donc à créer cette ambiance horrifique (et non d’horreur, je le répète).

Et bien sûr, la mise en scène de del Toro. Soignée, percutante et toujours juste. Le réalisateur mexicain nous entraîne ainsi dans son univers, avec un montage très à l’ancienne (on notera les transitions en fondu centrées sur l’élément crucial de la scène), des plans et des scènes parfaitement maîtrisés pour nous plonger d’autant plus efficacement dans l’histoire, même si le fond même fait qu’on a du mal à vraiment s’y donner.

Au final, Crimson Peak n’est pas une déception mais bien dans la lignée de ce à quoi je m’attendais. Peut-être pas aussi extraordinaire et magique que Le labyrinthe de Pan, mais je commence à me rendre compte que mis à part ce film, del Toro ne m’a jamais vraiment transcendé par ses histoires (voire complètement déçu, comme avec Pacific Rim, ou laissé de marbre, comme avec Hellboy 2). En revanche, visuellement, c’est toujours un véritable régal.

Plutôt qu’un film d’horreur, il faut prendre Crimson Peak comme un film à énigme horrifique, ce qui surprend au vue de la bande-annonce, mais reste au final assez logique dans l’imaginaire du réalisateur, d’autant plus que finalement, il nous prévient assez tôt.