Un coup d'épée dans l'eau

CRIMSON PEAK avait tout pour être un nouveau chef d’œuvre de Guillermo Del Toro, cinéaste geek qui a su nous enchanter par le passé, mais aussi nous décevoir à cause d’une tendance à rester un fanboy empêtré dans ses références. C’est bien entendu le plus gros défaut de ce CRIMSON PEAK qui n’étonnera que ceux qui ne connaissent rien au film gothique. Par contre, les fans des Innocents, de Rebecca, The Others et de tous les films de la Hammer, ainsi que des fulgurances de Mario Bava et Margheriti ne seront guère surpris par une œuvre qui pâtit clairement d’un scénario banal et prévisible dans son moindre développement. On a l’impression que Del Toro a saupoudré son script de toutes ses références, oubliant ainsi de créer une œuvre originale. Ce manque d’imagination mis à part, il reste agréable de se glisser dans ce film qui ressuscite pour un public plus jeune les belles œuvres du cinéma gothique (que je vénère personnellement). Les acteurs sont bons, les images sont belles et les décors sont magnifiques, mais le cinéaste n’est pas toujours très fin et tout ceci se regarde parfois comme un grand barnum un peu kitsch. C’est beau, c’est clinquant et parfaitement artificiel au point de laisser le spectateur sur le bord du chemin. Heureusement, la toute fin retrouve des élans poétiques qui sauvent l’ensemble in extremis. Del Toro est amoureux de cinéma, c’est sûr, mais il faudrait qu’il modère ses ardeurs pour aspirer à plus de finesse de trait.