Un documentaire, produit par le couple Obama, totalement perdu dans le catalogue immense de Netflix, qui préfère nous proposer dix séries pour ados plutôt que ce si joli documentaire sur la condition des handicapés aux États-Unis, et leur combat du siècle dernier pour se faire reconnaître dans la société. En perspective, un moment alliant émotions et pédagogie, témoignages et images d'archives, dates d'événements marquants et message humaniste. On regrette seulement le montage un peu classique, les ralentis lors des images d'archive qui ne sont pas utiles, les paroles qui ne sont pas toujours raccord avec l'archive que l'on voit, et les noms des personnes que l'on nous répète plusieurs fois dans les archives (comme s'il était possible d'oublier pareilles personnes instantanément inoubliables). La forme n'est pas parfaite, mais le fond est très sincère, et l'on se prend souvent au jeu de sourire des bêtises que ces jeunes en camp de vacances hippies font entre eux (comme n'importe quels gamins, après tout), on se révulse en voyant le peu de considération de la loi américaine (Nixon méritait des baffes) à l'égard des personnes handicapées, et on milite mentalement avec ce défilé de fauteuils roulants pour la loi 504 ("on n'a pas d'argent pour faire des rampes pour les handicapés"... Alors, Nixon, on a trop dépensé en napalm ? Vile bougre.). Les personnes qui nous sont présentées sont adorables au moindre mot, même si l'on doit un peu patienter pour l'entendre (certains ont des difficultés d'expression) on attendrait la journée pour ne pas risquer de le rater. Certains traits d'esprit de ces personnes qui ne se laissent certainement pas abattre sont drôles, touchants, ou tristes en sous-entendus (on a adoré la dame qui s'est fait plaisir avec le chauffeur de bus et clame gaiment qu'elle a connu la joie des infections sexuelles). On ne peut que dégainer la petite larme à l'apparition des "In Memoriam" à la fin, en découvrant que beaucoup sont morts sans atteindre la vieillesse. Il nous reste tout de même le plaisir de voir le quotidien estivalier des handicapés qui oublient le fauteuil l'espace de quelques semaines, la révolte face aux images atroces des autres camps qui maltraitaient les pensionnaires, l'indignation face au veto de Nixon sur la loi progressiste 504, et les petits sourires face aux anecdotes amusantes qu'on nous raconte comme de si bons souvenirs. Indispensable.

Aude_L
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le 10 avr. 2021

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