J'y allais sans réelle motivation, avec des avis très mitigés, soit très positives soit très négatives.
J'avais peur de tomber dans le travers de l'excès, pensant voir un film excessif, et donc, selon ce cher Talleyrand, insignifiant. Heureusement, le visionnage m'a donné tort.

Difficile de voir en Cristeros un chef-d'oeuvre.
D'un point de vue esthétique, se met en place une ambiance particulière qui colle parfaitement au propos tenu, propos complexe et riche à la fois de sens et de pistes de réflexion.
Le jeu des acteurs tant décrié par bon nombre de critiques ne m'a pas gêné, au contraire. J'y ai trouvé un point positif au film. La mise en scène, m'a semblé inégale mais efficace quant aux enjeux.

Pour ce qui est du fond, le plus important à mon sens de ce film, mon avis est plus élogieux.
On pourra s'offusquer de la froideur avec laquelle sont filmées les scènes de violences.
On pourra aussi se réjouir de voir qu'on popularise un moment très important de l'histoire mexicaine.
Et tout cela permet de présenter un fait pour poser des questions toujours d'actualité et qui donnent du travail à tous les philosophes depuis des siècles.

Y a-t-il des guerres justes ?
Un chef d'état qui massacre son peuple pour les "libérer" de la religion qu'il considère comme infâme et un peuple qui prend les armes pour défendre sa liberté de croire et ses idéaux de paix et de justice.
Le film ne fait l'apologie d'aucun comportement, même s'il se tient du côté des victimes, comme c'est toujours de bon ton.

On pourrait parler de manichéisme et il est justifié.
Parce que c'est bien entendu le manichéisme qui est au centre du conflit.
Chacun est convaincu d'être dans le bien. Et que l'ennemi est le mal.
Et peu à peu, on ne parle plus de religion ou de politique, mais d'hommes qui tuent des hommes, de guerriers qui tuent des civils, de soldats qui tuent des femmes et des enfants, de coupables et de victimes.

Peut-on massacrer au nom de la liberté ?
Peut-on faire la guerre au nom de la paix ?
Le pragmatisme fait-il nécessairement tomber les convictions ?
Autant de thématiques qui sont développées dans le film avec intelligence, sans pour autant camoufler le discours habituel (et essentiel dans la construction d'une histoire) sur l'héroïsme résistant face au pouvoir tyrannique. Pertinent en l'occurrence.

Une guerre nécessaire est juste, disait Machiavel.

Tout ce qui est excessif est insignifiant, disait Talleyrand.
Tout ce qui est excessif est dangereux dirait-on aujourd'hui.
Le film le démontre avec lucidité et force.
Zedbahr
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le 28 mai 2014

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Zedbahr

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