Il est rare qu'un tel film grand public aborde un sujet historique aussi douloureux avec une telle objectivité et honnêteté (les excès de certains Cristeros ne sont pas oubliés), d'après les travaux des plus sérieux historiens sur le sujet.
Surtout, c'est un regard profondément humain qui nous est partagé sur les différents protagonistes de cette période terriblement violente et meurtrière.
On ne peut rester insensible au juste combat du peuple mexicain, qui, après avoir tenté toutes les solutions non-violentes pour rappeler à ses gouvernants de respecter sa liberté religieuse, se voit contraint, par légitime défense, de prendre les armes. Et encore, le film nous épargne-t-il des atrocités sans nom (par exemple, les soldats fédéraux n'hésitaient pas à mitrailler des enfants à la sortie de leur messe de communion solennelle).
Que l'on croit en Dieu ou non, il est difficile de ne pas être transporté par le courage de ces catholiques de tous les milieux sociaux unis dans des épreuves aussi tragiques.
Et malgré tant de souffrances endurées, leur ineffable grandeur se manifeste par le pardon que bon nombre de ces victimes, prêtres ou laïcs, accordent à leurs bourreaux.
Andy Garcia, dans le rôle du général Gorostieta, qui accepte de prendre la tête des Cristeros malgré son athéisme, nous offre une composition remarquable par sa densité humaine. Sa conversion progressive est passionnante à suivre.
Peter O'Toole, dans son dernier rôle, joue un vieux prêtre, le père Christopher. Il rayonne par son regard lumineux face à ses odieux assassins.
Le réalisateur s'est concentré sur le martyre, d'une ignoble cruauté, subi par José Luis Sanchez, un garçon de 14 ans, prodigieusement interprété par le jeune Mauricio Kuri : cette scène insoutenable, par le fait même qu'elle est authentique, fait pourtant éclater toute la puissance de l'esprit humain, par l'exemple de cet être faible résistant à une oppression illégitime et monstrueusement démesurée...
Cette séquence est magistrale de réalisme intégral : comme Mel Gibson dans "La Passion du Christ", Dean Wright a réussi le tour de force d'unir le réalisme humain, qui nous montre sans fard l'horreur du supplice enduré par cet enfant, à un réalisme d'une dimension supérieure, qui assume la dimension simplement humaine, tout en la hissant à la hauteur du martyre, dans une transcendance proprement divine. Et cette transfiguration s'opère à travers les regards qu'échangent José et sa mère (sublime Karyme Lozano), laquelle l'encourage, sans parole, à aller jusqu'au bout de son témoignage ultime. Cela est sans doute encore plus fort lorsque la mère recueille le corps de son fils : profondément meurtrie comme seule une mère peut l'être face à son enfant mort, elle dépasse cette souffrance insondable, et semble regarder son fils comme s'il n'était plus uniquement sa progéniture, mais déjà un saint, plus grand qu'elle-même, déjà dans la lumière de la Vie éternelle...
De fait, il est profondément émouvant de se sentir touché par ce jeune garçon qui nous insuffle la force de son invincible espérance par-delà le temps...
De plus, rien ne manque à cette production hollywoodienne : magnifiques paysages, reconstitution historique exemplaire, très belle musique de James Horner.
A quand un film aussi beau et aussi puissant sur notre guerre de Vendée ?