De ce Croc-Blanc porté par l'animation made in France, on retiendra surtout l'aspect graphique, atypique mais tout à fait séduisant. Même si à l'évidence, une ou deux séquences apparaissent comme avoir été rushées, tant en terme de textures que d'animation. Car ça ralentit et ça saccade pas mal lors de la visite de Fort Yukon, pour le moins, alors que l'on est en 2018 et que ce genre de problème ne devrait plus exister depuis belle lurette.
Mais bon, soyons bon public. Car l'oeuvre n'est pas un ratage en elle-même et se suit sans gros accroc.
Sauf que...
Sauf que l'on a peine à retrouver ses impressions liées à ses lectures d'enfance. Car même avec de lointains souvenirs, on se dit que l'on a taillé dans le vif, faisant que l'on se ressent comme étranger à cette adaptation que l'on a voulu sans doute à portée du plus jeune public. Au prix assez cruel de l'édulcoration de la plume de Jack London, celui qui a donné le goût de l'aventure et des grands espaces à plusieurs générations.
De manière cruelle, car on se surprend à ne rien ressentir. Absolument rien. On se surprend à penser que ce Croc-Blanc animé est plat et sans surprise. Que l'on regarde de loin, presque distraitement. Et le pire, c'est que l'on ne s'attache jamais à son personnage principal. La faute à des aventures castrées, qui s'attardent trop sur l'âge de louveteau, à une intrigue raccourcie et à une violence aux abonnés absents, comme si les gosses d'aujourd'hui ne supportaient plus la moindre blessure ou encore de réaliser pleinement ce qu'est la mort. Les ellipses sont légion pour les ménager, tout comme la simplification de l'intrigue et un décès qui passe à l'as, une fois de plus.
Difficile dans ces conditions de vraiment y trouver son compte, même si l'aspect graphique, loin d'être commun, est plutôt à saluer. Mais à force d'absence totale d'audace dans une réalisation sans relief, de simplification et de mise à la portée des plus jeunes, l'aventure de Croc-Blanc s'envisage plus comme une balade de santé rarement triste et douloureuse, loin des épreuves endurées sous la plume de Jack London.
Adaptation a peu près honnête mais sans grand panache et optant pour une boucle inutile, prenant trop de libertés avec le bouquin original pour convaincre, Croc-Blanc ne fera à aucun moment date dans l'animation aux couleurs cocorico, allant jusqu'à souffrir des mêmes tares que celles que l'on reproche avec ardeur au tout venant du dessin animé made in USA... Mais que je n'ai retrouvé dans aucune des critiques que j'ai lues jusqu'ici...
Même s'il conserve malgré tout le ripolinage dont il est affligé son regard désabusé sur les hommes face à la nature, Croc-Blanc s'avère, finalement, assez loin du Klondike. A moins qu'il ne donne envie à la nouvelle génération de mettre la main sur le bouquin et de s'enivrer d'aventures ?
L'espoir reste permis.
Behind_the_Mask, qui répond à l'appel de la forêt.