Crocodile Fury
4.3
Crocodile Fury

Film de Godfrey Ho (1988)

Crocodile Fury est un traumatisme, un festival surréaliste qui provoqua hilarité et hystérie collective lors de sa diffusion à la Nuit du Nanar au cinéma l'Univers de Lille, et ce malgré l'état des spectateurs déjà bien entamés après la diffusion de Blood Freak, la tragédie de l'homme-dindon.

Nous voici devant un " 2 en 1" , méthode un chouia honteuse qui consiste à ajouter aux scènes d'un vieux film, généralement asiatique (en lui même cohérent) des passages tournés avec des acteurs occidentaux, et de faire croire que l'ensemble est un seul et même "vrai" film. Dans Crocodile Fury, cette méthode est employée avec une absence de finesse effarante, donnant naissance a une perle nanardesque à teneur garantie en WTF.

Tout ici est un n'importe quoi le plus total. Un crocodile (souvent en en mousse ou autre matériau bas de gamme) attaque un village de thaïlandais aux prénoms américanisés (américanisation censée favorisée l'exportation mais qui au final ne fait qu'ajouter au grotesque tant la consternation du spectateur est régulièrement sollicitée, le sorcier thaïlandais se voyant affublé du nom de Cooper, tandis que sa belle est dénommée Peggy, je m'abstiendrai de tout commentaire à ce niveau-là).

Le crocodile se révèle en fait être humain (peut on parler de Crocodile-garou ?), thème apparemment encré dans le folklore local thaïlandais. Les villageois subissent de multiples assauts et font preuve d'une bonne dose de crétinerie en se jetant littéralement à l'eau à chaque attaque, parvenant à se faire charcuter malgré la vitesse de morse estropié du reptile.

Apparaît ensuite le "2" du 2 en 1, et le film, déjà mis à mal par un doublage français qui fait passer celui de la série "Ken le Survivant" comme un modèle de sérieux et de sobriété (il faut véritablement l'entendre pour le croire), sombre alors dans le 9eme cercle des enfers du non-sens : un anglais moustachu (qui est-il ? où est-il ? pourquoi ?) affronte des fantômes chinois zombifiés (?) puis rend visite à la démoniaque Monica (je m'abstiendrai, j'ai dit) une sorcière aux incantations nanardes, censée vouloir s'allier au maître des crocodiles thaïlandais, le fameux Cooper, pour diriger le moooonde !

Vous suivez ? Non ? C'est normal.

Évidemment, ce n'est pas crédible pour un sou et le spectateur, à ce stade, a de toute manière déjà perdu toute volonté de compréhension quant à ce qui se passe à l'écran. S'en suit des aller retours entre Monica qui répète toujours la même incantation ringarde et le village thaïlandais, lieu de péripéties et de dialogues improbables, dans lequel, au final, la secte des crocos se fritera de l'intérieur à coup de pouvoirs magiques. C'est du moins ce que j'ai retenu.

Raccordé avec le cul, scénarisé sous acides et doublé avec un je m'en foutisme légendaire, Crocodile Fury sublime le concept du 2 en 1 pour accoucher d'un merveilleux n'importe quoi, un festival tellement absurde qu'il en est presque artistique.

Un nanar de haut niveau, qui risquerait bien d'endommager durablement le cerveau du public non averti.
Ramlladu
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le 19 déc. 2010

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Ramlladu

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