Ahhh, Dragon Ball Z (zède zède zède zède...). La série d'animation qui, tel un Kamehameha ininterrompu propulsé du Japon en 1989, a fait le tour de notre planète en écrasant de son efficacité toute puissante le monde de la série animée. Une large galerie de personnages charismatiques, un univers intemporel capable de charmer toutes les générations, des combats homériques globalement très bien rendus, de l'humour à foison, une bande son mémorable au cachet inoubliable... Peu évident, au premier abord, de remettre en question le statut culte de cet anime.
Rendez-vous hebdomadaire préféré de mon enfance, il reste cependant difficile à visionner avec mon regard d'aujourd'hui. La tare principale de la série n'est pas sa qualité de production inégale, alternant l'excellent transcendant presque certaines scènes phares du manga et le médiocre (coucou Pointu Man !) mais sa propension à accumuler une quantité astronomique de longueurs.
Respectant la tradition pour ce type d'anime, la trame centrale est polluée par d'innombrables fillers afin de rester à l'antenne sous la cadence industrielle d'un épisode par semaine, le temps que le manga progresse. Rarement intéressants, souvent improbables, quand ils ne sont pas purement abominables (ce détour soporifique de plusieurs épisodes où Gohan fait un séjour dans un village d'enfants perdus en pleine préparation de la venue des Saiya-jin...), ils atténuent le dynamisme sans faille de la trame originelle. Ne cherchez pas dans la partie Garlick Junior une qualité digne de l'exceptionnel filler Asgard de Saint Seiya.
Fillers mis a part, il est très éreintant de supporter l'étirement des dialogues et autres shoots photo entre chaque séance de tatane (séances certes souvent excellentes, surtout pour l'époque), de quoi donner envie d'hurler à la gueule des personnages d’arrêter de se fixer dans les yeux et de rentrer dans le lard. À ce sujet, le passage de l'explosion de Namek annoncée par Freezer, qui s'éternise et se contredit à plusieurs reprises avec un compte à rebours paraissant sans cesse remis à zéro est devenu une légende en la matière, ayant traumatisé de nombreux gamins à l'époque Club Do', où tous attendaient régulièrement pendant une longue semaine le dénouement longtemps promis.
En définitive, je recommanderai à ceux qui désirent un complément au manga (pour toujours et à jamais parfait, lui) post-ère Piccolo de se porter sur Dragon Ball Kai, qui, malgré sa censure inutile et l'âge du matériau de base, se suit beaucoup plus aisément.
Dragon Ball Z "vanilla" reste une bonne série d'animation qui mérite l'immense succès qu'elle a rencontré de part le monde, mais l'arrivée de la version Kai, épurée de plusieurs de ses défauts, a rendu son intérêt tout relatif. Un avis certes personnel : d'aucuns regretteront la disparition des fillers ou du moins une partie d'entre eux, qui, en un sens, peuvent prolonger l'expérience (j'ai en mémoire le tournoi dans l'Au Delà, plutôt sympathique). Mais quitte à prolonger l'expérience, se porter sur les meilleurs films/oavs sortis jusque là est bien plus recommandable.
Je finirai sur un petit aparté sur la VF d'origine en plein age d'or d'AB qui mérite que l'on s'y replonge.
Histoire de se marrer un bon coup, et de ressentir un petit frisson de nostalgie.
L'amateur de localisation foireuse y trouvera son bonheur, à l'heure où la publication de la Perfect Edition du manga chez Glénat, avec sa traduction révisée et plus fidèle que jamais, est achevée. Noms des attaques sabordés (le Kamehameha a subi divers variations plutôt goûteuses), appellations discutables des personnages (Cachalot !), voix parfois improbables qui peuvent changer du tout au tout entre les épisodes, erreurs nombreuses, tentatives désespérées de censurer l'humour graveleux ou absurde de Toriyama et autres joyeusetés. Je suis un brin sévère pour le coup, car tout n'était pas si terrible, et ne pas se remettre dans le contexte de la première diffusion en France serait malhonnête. La voix de Vegeta restera éternellement, pour moi, celle d'Eric Legrand.