Tout comme la fin de Killer Joe rappelle celle de To Live and Die in L.A., on peut trouver des similarités entre ce film ci et le premier mentionné. En effet, Friedkin n'y va pas de main morte pour portrayer une sexualité 'déviante'. Le milieu dépeint est fascinnant de danger par rapport à une trame finalement classique. Est-ce une attaque contre les homosexuels? Pas vraiment, et je pense que les manifestations qui ont eu à l'époque étaient impertinentes (surtout que la plupart manifestaient sans avoir vu le film, mais juste en ayant pris connaissance du pitch).
La mise en scène est efficace. Friedkin sait où placer sa caméra, il connaît son boulot. Le problème pour moi c'est qu'il ne se passe pas grand chose. Notamment durant ces scènes où le personnage de Al enquête incognito. Cette non action raconte quelque chose, on est bien d'accord, mais ça reste redondant et inutilement appuyé. Friedkin aurait gagné à visiter plus en profondeur son personnage plutôt que de s'arrêter à la surface. En même temps il a lui même déclaré que le tueur aurait pu être Pacino, et ce après avoir vu le premier montage fini du film. Je pense que c'est parce que le réalisateur n'a pas été jusqu'au bout de ses idées que cette ambiguité peut naître. La preuve en est que ce n'était pas calculé. C'est dommage parce que vraiment l'idée est bonne. C'est le traitement qui manque un peu de couilles et scènes fortes au delà de l'aspect contemplatif/documentaire sur ce milieu.
Bref, Cruising reste un bon polar, mais ça manque de peps ; Friedkin aurait pu aller plus loin, c'était d'ailleurs peut être le cas dans sa version longue de 124mn qui ne reverra probablement jamais le jour (la rumeur court que les studios ont brûlés les négatifs de cette version)